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CAMPAGNES SOLIDAIRES
02.10.2014

Un procès sur des questions de société

02.10.2014 -

Le 28 octobre se tiendra le procès de 9 militants de la Conf' poursuivis suite aux actions menées sur le site de l'usine des 1000 vaches.

Tous les mois découvrez un article de Campagnes Solidaires. Ce mois-ci, une interview de Laurent Pinatel, porte parole de la Conf', sur le procès de l'industrialisation de l'agriculture qui aura lieu le 28 octobre.


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Le 28 octobre, neuf militants de la Confédération paysanne comparaîtront devant le tribunal correctionnel d'Amiens, dont Laurent Pinatel, porte-parole national du syndicat. Ils sont poursuivis pour des actions sur le site de l'usine des mille vaches, à Drucat (Somme), usine qui a débuté sa production le 13 septembre.
 

Campagnes solidaires : Quelle analyse la Confédération paysanne tire-t-elle après l'installation des 133 premières vaches dans l'usine de Drucat, le 13 septembre, et la table ronde au ministère de l'Agriculture le 16 septembre (cf. encadré) ?

Laurent Pinatel : Déjà, depuis un an qu'on est sur ce dossier, c'est la première fois qu'on a eu ce type de réunion au ministère, avec toutes les parties autour de la table. Ce n'est pas rien. Ça prouve aussi, au passage, que la Conf' ne fait pas que dénoncer, qu'elle est aussi dans la discussion et la construction !

Reste quand même ce double discours du gouvernement : d'un côté, il déclare que l'usine des 1000 vaches, ce n'est pas son modèle, son projet, mais de l'autre il ne fait rien pour l'empêcher de se réaliser, on ne trouve rien pour ça dans la loi d'avenir votée définitivement ce mois-ci. Ramery ne fait que profiter de ces carences législatives, de ce manque de volonté politique. Je pense réellement que la volonté de ce gouvernement est de faire cohabiter deux types d'agriculture : une industrielle orientée vers l'export, et une pour la vitrine, la belle image de la France. Ça se recoupe avec son attitude et ses décisions pour la Pac et la loi d'avenir.

N'empêche que pour les 1000 vaches, on a déjà fait reculer Ramery sur son méthaniseur. Le digestat qui en sortira et sera épandu proviendra de produits agricoles, pas de déchets ménagers ou de boues d'épuration, c'est déjà ça. Ensuite, il est quand même bloqué à 500 vaches, à moitié de son projet. Pour aller jusqu'à 900 vaches, l'Etat pourra, s'il en a la volonté, réouvrir une enquête publique ; au-delà, cette enquête sera obligatoire.
 

CS : Quelles actions sont envisagées pour les semaines et les mois à venir ? Est-il encore possible d'empêcher le projet d'usine à 1000 vaches de se réaliser ?

LP : Deux actions au moins sont possibles à ce stade. La première est de faire pression sur l'Etat et sa préfecture dans la Somme pour rouvrir une enquête publique si Ramery demande à passer à plus de 500 vaches laitières. Et là, il faudra que les citoyens s'expriment, massivement.

Ensuite, la ferme n'existe que parce que le lait est collecté. Aujourd'hui, nous savons que c'est Senoble qui collecte. Il faut que les citoyens soient le plus nombreux possible à se lever et dire « Je ne boirai pas le lait des mille vaches ! ». Chacun peut prendre ses responsabilités en n'achetant plus de produit du groupe Senoble. Porter atteinte à son image devrait faire reculer Senoble.

Mais il faut aussi que tous les élus se saisissent du débat. Car ce type de projet remet en cause toute la société. Jusqu'à maintenant, historiquement, notre alimentation était très massivement produite dans des fermes. Là, nous risquons d'aller la chercher dorénavant dans des usines.
 

CS : La Confédération paysanne veut faire du procès de ses neuf militants, à Amiens le 28 octobre, le « procès de l'industrialisation de l'agriculture » : pourquoi ?

LP : Nous, nous portons un projet : l'agriculture paysanne. En face, il y a une tentation de filer vers une agriculture de type industrielle. Mais si l'agriculture paysanne est une démarche, l'agriculture industrielle est une dérive ! On nous bassine avec la conquête de marchés, on nous pousse à l'agrandissement, mais dès qu'on passe à certaines tailles de troupeau, on tombe dans le schéma industriel, on se met à fabriquer du « minerai », comme on fabrique ailleurs des pièces de voiture. On voit ce que ça a donné en Bretagne, les impasses, les dégâts, avec les paysans qui subissent, poussés à la faillite et au désespoir par cette dérive. Le procès du 28 octobre à Amiens posera la question des modèles agricoles, politiques, de société, et du choix que nous devons faire.  


Propos recueillis par Benoît Ducasse

 

L'usine produit depuis le 13 septembre

Dans la nuit du 12 au 13 septembre, les premiers camions transportant des vaches sont arrivées dans  l'usine laitière de Drucat, à six kilomètres au nord-est d'Abbeville. 133 bêtes ont ainsi pu être traites le lendemain. Alertés dès 4h du matin le 12 septembre, les militants de l'association locale d'opposition à l'usine, Novissen, se sont rendus sur place, tenant jusqu'au mardi un barrage à l'accès au site. Des militants de la Confédération paysanne les ont rejoints tout au long du blocus, venant de la région (Picardie, Nord-Pas-de-Calais) ou de bien plus loin (Normandie, Lorraine, Franche-Comté...).

Le 15 septembre, c'est l'intervention de la gendarmerie qui a permis la sortie d'usine du premier camion de lait collecté par Senoble.

La mobilisation s'est avérée rapidement payante : une forte couverture médiatique, dans un premier temps, mais surtout la tenue d'une première table ronde sur le sujet, le mardi 16 septembre au ministère de l'Agriculture, avec tous les acteurs concernés, dont Michel Ramery, le promoteur de l'usine. A l'issue de cette réunion un premier compromis s'est dégagé : le méthaniseur ne brûlera plus des déchets industriels provenant des alentours, comme prévu initialement, mais seulement des déchets issus de l'usine. Sa puissance doit ainsi être ramenée à 0,6 mégawatts, contre 1,4 MW initialement. Et la demande d'autorisation au-delà de 900 vaches serait automatiquement assortie d'une nouvelle enquête publique, cependant quede 500 à 899 vaches, ce sera au bon vouloir de la préfecture d'autoriser ou non l'augmentation du cheptel...  Le blocus a été levé à l'issue de cette réunion. Mais le combat continue, bien entendu.

 

Demandez le programme !

Durant toute la journée du 28 octobre, diverses animations battront son plein aux abords du tribunal d'Amiens : marché paysan, musique, prises de parole, théatre, projection de documentaires... Le programme, en cours de calage, sera à consulter dès le 2 octobre sur : http://www.confederationpaysanne.fr/mobilisations.php?id=2812
 
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