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CAMPAGNES SOLIDAIRES
04.12.2014

Un nouveau monstre en Touraine

Le 3 novembre à Monts, la Confédération paysanne de Touraine a invité les manifestants à s'exprimer point par point sur le projet de ferme-usine, puis a donné sa position sur ce projet aux antipodes de l'agriculture paysanne

Tous les mois découvrez un article de Campagnes Solidaires. Ce mois-ci, gros plan sur un projet d'extension d'élevage symptomatique de l'industrialisation de l'agriculture.



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Un nouveau monstre en Touraine
 

Avec la fin des quotas laitiers en avril prochain, combien de fermes-usines vont pousser dans nos campagnes ? Zoom sur un projet de demande d'augmentation d'effectifs d'animaux en Touraine, bien représentatif de la course qui s'engage vers l'industrialisation de l'agriculture.

Près de Tours, un gaec de trois frères a déposé à la préfecture une demande d'extension de son élevage. Le projet veut doubler le troupeau laitier en passant de 200 vaches à 420 vaches laitières et 140 génisses, et quadrupler la production de taurillons en passant de 50 à 200 unités. Ce n'est pas tout : il y a déjà un troupeau de 1200 chèvres et chevrettes sur l'exploitation. Argumentant leur projet, les trois associés se considèrent comme « les sauveurs de la déprise laitière en Touraine ». L'arrêt des quotas leur donne des ailes...

Dans le dossier est mentionnée la création... d'un seul emploi. Le plan d'épandage prévoit une surface de 890 hectares, répartis sur sept commues, dont la plus éloignée est à 20 km, en zone humide qui plus est.

La Confédération paysanne de Touraine ne pouvait que réagir. En quelques jours, le syndicat a présenté ses revendications auprès du commissaire enquêteur. Aux côtés des positions des associations de défense de l'environnement apparaît ainsi dans l'enquête publique la parole de paysans opposés au projet.

Nous avons ensuite organisé le 3 novembre une manifestation devant la mairie de la commune concernée, Monts. Une bonne couverture médiatique a permis de mettre ce dossier à la une des journaux.

Pour animer la manifestation et faire le tour des différents problèmes posés par l'industrialisation de l'agriculture, nous avions préparé plusieurs questions : « Une ferme-usine, ça sauve l'emploi ? Un besoin de lait en quantité ? Un moyen de garder des territoires vivants ? Un risque pour l'environnement ? Concentration des animaux, concentration des nuisances ? Agriculture industrielle et agriculture paysanne peuvent cohabiter ? »

Le jeu des « vrai / faux » a permis une très bonne participation du public, beaucoup de discussions, de prises de position point par point. Et un effet stimulant pour les habitants de la commune qui se sentaient bien seuls jusque-là, et dont plusieurs ont salué la prise de position de paysans. A été également discutée la création d'un collectif pour être capable, comme pour l'usine des 1000 vaches dans la Somme, de se mobiliser rapidement et efficacement si ce projet (et d'autres…) menaçait de démarrer.

La manifestation a été l'occasion pour le syndicat de dénoncer une fois encore les effets pervers de l'industrialisation de l'agriculture : course aux volumes, destruction de l'emploi paysan, dévitalisation des territoires que cela entraîne.

Des citoyens s'inquiètent des nuisances sonores et olfactives d'une telle usine. Ce fut l'occasion de rappeler notre grande inquiétude sur le respect du plan d'épandage, vu l'éloignement des terres. Notre inquiétude est d'autant plus forte que nous avons l'exemple d'une ferme similaire dans le sud du département qui ne respecte pas son plan d'épandage, l'administration ne parvenant visiblement pas à la contraindre à respecter cette obligation légale.

Ici, comme dans la Somme, la question est simple : peut-on accepter la disparition de quatre exploitations de cinquante vaches laitières au profit d'un tel projet ? Et ici comme dans la Somme, les citoyens présents à la manifestation de Monts (qu'ils soient paysans ou non), ont répondu haut et fort : pour des territoires vivants, pour l'emploi, pour l'environnement, pour la qualité de l'alimentation, il vaut mieux des paysans nombreux et répartis sur le territoire plutôt que quelques fermes-usines !
 

Hervé Bedouet et Frédéric Gervais, éleveurs laitiers en Indre-et-Loire

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