Moisson de promesses chez Bolloré
Devant la Tour Bolloré à Puteaux
« Nous n'avons plus de terres au pays, alors on plante le manioc dans votre pelouse». Jeudi 4 juin, à 16h, quarante personnes sont venues à l'AG du groupe Bolloré sans y être invitées, à l'appel des communautés locales privées de terre par les plantations industrielles liées au groupe Bolloré. Armés de bêches et d'une belle brouette, ils ont fleuri les pelouses de M. Bolloré et interpellé les actionnaires sur les conflits fonciers qui font rage en Afrique et en Asie. « Nous n'avons plus de terres à cultiver dans notre pays, aujourd'hui, nous venons planter le manioc dans votre pelouse, M. Bolloré », voilà le message porté par les Congolais présents, soutenus par la Confédération paysanne et de nombreuses ONG* françaises (React, Sherpa, Peuples Solidaires, CCFD, Grain, Agter). Une délégation a été reçue par la secrétaire générale adjointe du groupe, Mme Darmaillac et Ange Mancini, le bras droit de Vincent Bolloré et président du comité éthique du groupe.
« Assumez vos responsabilités ou vendez vos parts de la Socfin » Depuis 2008, les expansions des plantations de la Socfin dont Bolloré est actionnaire sont continues. Les surfaces plantées des sociétés africaines de la Socfin sont passées de 87 303 à 108 465 ha entre 2011 et 2014, soit une augmentation de 24% qui se fait au détriment des communautés locales. Selon elles, les accords ne sont pas respectés et les terres considérées comme leur « espace vital » sont prises sans considération de leurs besoins. Les militant.es présent.es ont fait valoir que le groupe Bolloré peut et doit assumer ses responsabilités pour mettre fin aux violations ou alors vendre ses parts dans la Socfin. Tant que des solutions ne sont pas trouvées, les manifestations lancées fin avril par l'Alliance internationale des communautés riveraines des plantations Socfin Bolloré avec le blocage des plantations au Cameroun entre le 23 et le 28 avril, puis poursuivies au Liberia, au Cambodge et en Côte d'Ivoire vont continuer.
Mme Darmaillac et Mr. Mancini ont affirmé « comprendre les protestations ». « Nous allons peser de tout notre poids dans la balance pour que la Socfin soit autour de la table pour une nouvelle négociation internationale cet automne avec les représentants des communautés des différents pays ». Les responsables du groupe ont reconnu que les promesses passées ne se sont pas toutes traduites dans les faits et que « la Socfin préfère négocier avec les pouvoirs publics qu'avec les communautés ». Le groupe s'est engagé à lancer une expertise indépendante sur les conflits fonciers dans les plantations, sur la base d'un expert des Nations Unies proposé par la Confédération Paysanne. « Tant que de telles pratiques continueront, vous nous aurez sur le dos » a conclu Christian Rocqueirol du syndicat paysan.
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