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CAMPAGNES SOLIDAIRES
23.06.2016

Limagrain, nouveau Monsanto français

Une centaine de paysans de la Confédération paysanne et des Faucheurs volontaires ont occupé les locaux de Vilmorin à Portes-les-Valences (Drôme), le 20 mai, du matin jusqu'en fin d'après midi. Le syndicat dénonce le discours du groupe semencier, qui à l'instar de Monsanto, affirme que les nouveaux OGM issus de mutations dirigées in vitro n'en sont pas afin de contourner l'interdiction des OGM en France et de breveter les semences qui existent déjà dans les champs des paysans. A la fin de l'occupation, les manifestants ont obtenu pour la semaine suivante un rendez-vous le ministre de l'agriculture, Stéphane Le Foll.

Le 20 mai, la Confédération paysanne et les Faucheurs volontaires d'OGM ont occupé les locaux de l'entreprise Vilmorin, du groupe Limagrain, dans la Drôme. Dans leur viseur: les nouvelles techniques de sélection végétale pour produire des OGM de nouvelle génération.



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Le groupe Vilmorin-Limagrain compte bien obliger les Français à manger ses nouveaux OGM brevetés. Mais comment faire manger des OGM à des consommateurs qui n'en veulent pas ? Très simple : il suffit de dire que ce ne sont pas des OGM !

La ficelle est énorme, mais elle est déjà mise en œuvre au niveau mondial par le trio de tête des multinationales semencières. Monsanto, Pionner et Syngenta ont colonisé tous les lieux de propagande et de décision du monde. Que ce soit à la FAO* (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture), dans les universités les plus prestigieuses, les centres de recherche agricole, aux gouvernements étasuniens et canadiens, à la Commission européenne, dans tous les programmes agricoles de lutte contre la faim ou d'adaptation au changement climatique, on entend désormais la même chanson : « Les nouveaux OGM issus de mutations dirigées in vitro, cisgénèse et autres techniques... ne sont pas des OGM. » Ils seraient même devenus agroécologiques !

Vilmorin/Limagrain est le quatrième semencier au niveau mondial. Pour ne pas rester à la traîne de ses trois concurrents et complices, il a décidé d'appliquer cette recette chez nous. Il a placé ses cadres ou anciens cadres à tous les postes clefs des lieux de décision des politiques publiques concernant les semences : à l'interprofession semencière (Gnis*), à l'Union française des semenciers, au service officiel de contrôle des semences (Soc), au contrôle public de l'enregistrement au catalogue des semences et de l'octroi de certificats d'obtention végétale (Geves), au Comité technique permanent de la sélection, aux pôles de compétitivité agronomique...

Sans oublier pas moins de trois représentants au Comité économique, éthique et social du Haut Conseil des Biotechnologies (HCB). C'est là qu'il a pesé de tout son poids pour permettre la publication en début d'année d'un faux avis du HCB grâce auquel le ministère de l'Agriculture peut reprendre la chanson préférée des « biotechnologues » : « Les nouveaux OGM ne sont pas des OGM. » Ce forfait a provoqué la démission d'un membre du Comité scientifique du HCB et de 7 organisations membres de son Comité économique, éthique et social (cf. CS n°317). Suite à cette tempête, le faux avis a été rétrogradé a rang d'un simple document. Mais le gouvernement, aveuglé par les pressions du lobby Fnsea/Gnis*/Limagrain, semble ne pas l'avoir remarqué.

Et il y a un « avantage » supplémentaire à ne pas réglementer ces nouveaux OGM : cela devrait permettre de breveter les semences qui existent déjà dans les champs des paysans et des paysannes ! Vilmorin/Limagrain a beau assurer qu'il refuse le brevetage de gènes existants déjà à l'état naturel (traits natifs), cela ne concerne en fait que les brevets de ses concurrents. Lui en revendique d'autres afin de pouvoir interdire aux paysan·ne·s de continuer à sélectionner et reproduire leurs propres semences, et envoie ses lobbyistes convaincre les parlementaires de ne pas l'en empêcher.

L'occupation des locaux de Vilmorin, près de Valence le 20 mai, se déroulait à la veille de la journée mondiale d'actions contre Monsanto (cf.p.22), avec un message clair : Vilmorin/Limagrain doit s'engager publiquement à renoncer à ses nouveaux OGM et à ses brevets biopirates sur les traits natifs des plantes. Le gouvernement français est propriétaire de 10% du capital du groupe Vilmorin/Limagrain par l'intermédiaire de la Caisse des Dépôts et Consignations : il peut et doit l'y contraindre !

Ne laissons pas l'industrie semencière s'approprier nos savoir-faire !

La commission OGM de la Confédération paysanne
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