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SANITAIRE
06.04.2017

Lettre ouverte au Ministre de l’Agriculture : Monsieur LE FOLL, SAUVEZ L'ELEVAGE DE VOLAILLES PLEIN AIR !

Lettre ouverte au Ministre de l'Agriculture

Bagnolet, le 5 avril 2017

A Stéphane le Foll, Ministre de l'Agriculture

78 rue de Varenne,

75007 Paris

 

Monsieur le Ministre,

Le CIFOG, lors d'une réunion le 31 Mars 2017, à Auch, a présenté à tous les syndicats son projet d'action pour la sécurisation sanitaire de la filière canard gras. Cette présentation nous laisse présager le pire concernant le pacte « Influenza Aviaire » que vous présenterez le 13 avril.

Nous nous inquiétons des risques pour toute la filière d'un prochain épisode de grippe aviaire compte tenu des mesures annoncées. En effet, le CIFOG reste sur un modèle de production segmenté, avec des animaux transportés et donc une transmission du virus facilitée.

Leur proposition de confinement en période de migration est un leurre. Les investissements en bâtiments ne pourront se réaliser qu'au bout de plusieurs années. Les contaminations par la faune sauvage restent faibles par rapport à la diffusion par le transport. Nous sommes attachés pour notre part à la limitation de la distance du transport des animaux pour diminuer drastiquement ce vecteur de contamination.

La diminution de la densité d'animaux et de la concentration des élevages sur le territoire, comme cela est conseillé par l'ANSES* n'est pas proposée dans ce plan d'action. Le CIFOG argumente qu'en bâtiment, aux périodes de confinement, il n'y aura que 4 canards au m². Mais d'expérience d'éleveurs, nous savons que la bande unique ne réduit pas la densité et au contraire, on peut à juste titre penser que pour gagner en productivité, les effectifs par bandes seront plus élevés. Nous demandons de notre côté un plafond d'animaux par élevage ainsi que la limitation de la taille des bâtiments.

De notre côté, nous défendons l'application de mesures alternatives au confinement (filets ou alimentation et abreuvement des palmipèdes  sous abris) pour l'élevage de plein air ainsi qu'une taille maximale de 3200 palmipèdes à l'extérieur en simultané, ce qui a d'ailleurs déjà été porté par une partie importante de la profession (IGP*, Modef*, Coopérative de Chalosse, SNA des Landes…) et qui sont soutenus par de nombreux élus locaux (Carole Delga, Philippe Martin, Françoise Laborde, Gisèle Biemouret, Éric Andrieu, Brigitte Allain, etc.)  

Nous sommes favorables aux tests sérologiques, mais compte tenu de leurs coûts et de leur viabilité de 48h, ils ne peuvent être systématiques. Le CIFOG dans le système segmenté évalue à 6 millions d'euros son coût par an et espère que les pouvoirs publics le prennent en charge. Cela démontre le manque de compétitivité de ce système segmenté. En tout état de cause, nous ne pouvons pas accepter ce test systématique si son financement risque de reposer sur les éleveurs et nous demandons une mutualisation des coûts de ces tests.

Enfin, nous sommes consternés par le manque de considération du CIFOG pour les services de l'État (DDSPP, DGAL*, etc.). En effet, le CIFOG considère qu'ils seraient incapables de gérer une banque de données concernant les élevages et souhaite faire main basse sur la gestion de tout le fichier avicole.  Nous y sommes formellement opposés. Ce serait une situation de pression de l'aval sur les éleveurs.  Le CIFOG n'est pas le représentant de toute la production de volaille en France et son conseil d'administration est piloté par les industriels.

Nous avons également appris que le CIFOG souhaite mettre en place un audit de tous les élevages concernant les normes de biosécurité. Comme précédemment nous considérons que ce sont les DDSPP les garants de la réglementation sanitaire applicable.

Compte tenu de tous ces éléments, il nous semble nécessaire de mettre en place la production dans les zones à risques de façon progressive, et en commençant par les productions autarciques et en analysant ensuite de manière juste les risques en fonction du modèle de production.

Monsieur le ministre, la colère gronde dans les campagnes, personne ne supportera une nouvelle épidémie. Depuis le début de cette crise, la Confédération paysanne n'a jamais cessé de défendre l'élevage de plein air face à un modèle industriel. Toute une partie de la profession est unie, notre pétition a recueilli plus de 30 000 signataires et les élus locaux soutiennent notre vision.

Le 13 avril, à l'occasion de l'annonce du Pacte Influenza Aviaire, et certainement pour la dernière fois au cours de ce quinquennat, vous serez l'arbitre d'une décision, d'un choix entre modèles qui auront des conséquences importantes pour l'avenir de la filière.

Vous pouvez favoriser un élevage industriel qui va dans le mur et sera porteur d'une nouvelle crise sanitaire mais nous vous conseillons plutôt de faire le choix de l'élevage de plein air et d'une production en phase avec les enjeux sociétaux, sanitaires, environnementaux et économiques.

Veuillez recevoir, Monsieur le ministre, mes salutations les plus sincères,

 

Laurent Pinatel,

Porte-parole de la Confédération paysanne

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