Programme bio : un nouvel effet d’annonce ?!
En effet, le gouvernement dit vouloir consacrer une enveloppe de 1,1 milliard d'euros sur cinq ans pour ce programme. Il s'agit de financements exclusivement consacrés à la conversion, dont 630 millions d'euros d'aides européennes, 200 millions de cofinancement de l'État, complétés d'autres financements publics, dont 170 à 200 millions d'euros qui viendraient des agences de l'eau ! Avec quels fonds ces agences vont-elle financer ces actions, elles qui ont déjà été ponctionnées de 200 millions pour 2018 ? Ou bien s'agit-il de fonds déjà dédiés à l'agriculture biologique qui vont être poursuivis ?
D'où viennent les 630 millions d'euros d'aides européennes ? Ne s'agit-il pas de sommes déjà affectées à la bio ? Comment le Ministre peut-il s'engager sur cinq ans alors que le budget et la programmation de la prochaine PAC* ne sont pas encore connus ? S'agit-il d'une prévision des sommes que la France voudra consacrer à la bio ? Quid des sommes réellement mobilisées en 2018 et 2019 : le Ministère pourra-t-il tenir ces engagements en raclant les fonds de tiroir (récupération des fonds maintien bio supprimés, utilisation d'un hypothétique « taux de chute » de la programmation 2015-2020, report sur la prochaine programmation) ou a-t-il décidé de dédier une partie du transfert entre piliers à l'agriculture bio ? Autant d'incertitudes laissent craindre un effet d'annonce sans réel budget.
Enfin, ce programme enterre définitivement le soutien des crédits de l'Etat à l'aide au maintien en agriculture biologique, ce que devrait pourtant permettre un programme réellement ambitieux ! Nous défendons le principe d'un soutien à la conversion et au maintien par des aides plafonnées à l'actif, reposant sur un budget conséquent et dédié, pour une agriculture biologique paysanne à taille humaine.
La Confédération paysanne exige donc que toutes ces interrogations soient levées d'ici le début de la concertation annoncée par le Ministre, à défaut aucun travail serein ne pourra se faire.