Livre noir de l’installation (1) – L’échec des politiques d’installation
A la veille du Congrès national du syndicat Jeunes agriculteurs (JA*), la Confédération paysanne dresse le bilan des politiques d’installation. Le constat est à l’échec et à l’absence de transparence de cette politique accaparée par les JA*.
L’échec est patent : l’objectif d’aider 12 000 installations par an en 1995 n’a jamais été atteint : de 8 000 l’année suivante, le nombre d’installations aidées est tombé au plus bas en 2010 : moins de 5 000...
Aujourd’hui, près des deux tiers des installations ne sont pas aidées ! Pour ces porteurs de projet qui s’installent malgré tout, c’est la double peine. Un jeune paysan de Pays-de-Loire témoigne : « Si tu t’installes sans les aides, tu n’es plus prioritaire ni sur le foncier, ni sur les quotas, ni sur la revalorisation des DPU*. »
En effet, aucune réflexion politique de fond n'a été menée sur l'installation et les critères des aides excluent de nombreux agriculteurs. Il n’existe plus d’instance de concertation officielle entre les organisations professionnelles agricoles et les pouvoirs publics pour fixer des objectifs partagés sur l’installation des agriculteurs. Alors qu’en dix ans, un quart des agriculteurs a disparu, ce sujet de haute importance devrait mériter plus de volonté politique.
« Il n’y a aucune transparence », affirme Michèle Roux, référente de la Commission installation de la Confédération paysanne, « malgré les demandes répétées de la Confédération paysanne, le rapport d’évaluation du dispositif n’a jamais été rendu public, et pourtant il y a de quoi se poser des questions : on se retrouve avec une politique qui n’atteint pas ses objectifs et qui est dotée d’une enveloppe surdimensionnée (350 millions d'euros en 2010) par rapport aux installations effectivement aidées… »