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PORC
01.04.2019

Menaces sur l’élevage plein-air de porc

Carte - état des lieux en février 2019 : la peste porcine africaine est une maladie hémorragique contagieuse qui touche les porcs, les phacochères et les sangliers d'Europe

Les autorités belges essayent tant bien que mal d’endiguer l’épidémie de peste porcine africaine frappant les élevages du pays. Si la France n'est pas actuellement touchée, l’émotion est grande, proportionnelle à la surface financière de la filière porcine pour qui l’enjeu exportateur est vital.

Selon les dernières hypothèses, des sangliers malades porteurs de peste porcine africaine ont été introduits illégalement en Wallonie l'été 2018. Longtemps on a soupçonné un « camionneur polonais » qui, en jetant un sandwich contenant des produits à base de porc infecté, aurait contaminé des sangliers en Belgique... L'arrestation des responsables présumés de ces introductions illégales pour la chasse a clôt ce débat.
Les autorités belges essayent tant bien que mal d'endiguer l'épidémie. Les porcs en élevage wallons ont d'abord fait les frais d'une politique d'abattages préventive étendue. A cette décision contestable se sont ajoutées des mesures de gestion de la faune sauvage : clôture des zones infectées et éradication des sangliers. Mais l'épidémie n'est toujours pas maîtrisée et s'étend vers le nord et l'est.
Côté français, l'émotion est grande, proportionnelle à la surface financière de la filière porcine pour qui l'enjeu exportateur est vital. Alors que la Chine ne contrôle plus l'infection, les exportations françaises explosent : l'objectif est donc de conserver ce précieux statut indemne. Pour ce faire, les grands moyens sont déployés. Un plan de prévention est mis en œuvre depuis un an, couplé à des textes réglementaires imposant des mesures de biosécurité en élevage, dans les transports et dans la faune sauvage.
Localement, une clôture électrique est installée sur la frontière franco-belge (1), couplée à une clôture en dur. De plus, une « zone blanche », dite de dépeuplement, est instaurée : l'objectif est d'y éradiquer tous les sangliers. Dès à présent sur ces territoires (zone blanche, zone d'observation renforcée et zone d'observation), l'alerte est maximale : les élevages porcins sont vidés, les mesures de biosécurité doivent être respectées sans délai. Les efforts de chasse y sont également importants.
Derrière ce tableau volontariste, on retrouve la volonté de maintenir les sangliers malades de l'autre côté de la frontière... mais aussi de maintenir tout ça le plus loin possible de la Bretagne. Comme on l'a vu pour la grippe aviaire, la faune sauvage est le seul facteur de risque sur lequel les autorités et la profession essayent d'agir, sans remettre en cause le système de production industriel. Les élevages plein-air deviennent donc la première obsession : c'est par eux que va arriver le virus sur le territoire français ! Il faut donc tout barricader et exiger des normes dures, éloignées des pratiques de terrain.
Sans compter qu'on fait face à un gros impensé : rien n'est fait pour maîtriser les flux, première inquiétude en élevage intégré. La paille, l'alimentation animale ou les sous-produits animaux sont largement utilisés. Ils peuvent provenir de pays où l'infection est active. Mais il est plus facile de s'agiter en menaçant l'existence des petites fermes que de véritablement changer des pratiques liées au fonctionnement du système exportateur et industriel.
Alors que la France est toujours indemne de peste porcine africaine, les élevages fermiers de porcs se trouvent pris en étau. D'un côté, une logique administrative qui nie et proscrit de fait la diversité des pratiques ; de l'autre côté, la profession agricole qui soutient cette logique et attise les passions. Pour sortir de ce piège, la Confédération paysanne exige – comme elle l'avait fait lors des épisodes de grippes aviaires ces dernières années - des politiques sanitaires qui protègent les paysan·nes, les consommateurs et les consommatrices avant de servir les acteurs de l'agroexportation.

Roxanne Mitralias


(1) Aux limites des départements de la Meurthe-et-Moselle, de la Meuse et des Ardennes.
 

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