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LAIT
01.09.2020

Défendre les productrices et producteurs de lait de chèvre

Depuis janvier 2020, Bastien Brisson, 35 ans, représente la Confédération paysanne au sein de l’Association nationale interprofessionnelle caprine (Anicap). Il siège au sein du collègue des productrices et producteurs aux côtés de six (!) représentant·es la Fnsea, et d’un de la Coordination Rurale. Témoignage.

« Je suis installé sur 35 hectares à Canet-de-Salars à une trentaine de kilomètres de Rodez, avec un troupeau de 250 chèvres. La production démarre au mois de mars et je fais deux traites par jour. Deux mois dans l'année, il n'y a pas de traite, les chèvres se tarissent seules.

Ma production varie entre 220 000 et 240 000 litres par an. Je commercialise en filière longue à Lactalis, qui achète mon lait à 645 € les 1 000 litres. Dans l'Aveyron, la production caprine n'est pas majoritaire : c'est le territoire des brebis. On compte seulement 200 producteurs et productrices de lait de chèvre, dont 90 qui livrent à Lactalis.

Lors de mes études, je ne songeais pas à l'installation, j'ai suivi un BTS afin de devenir technicien au contrôle laitier. C'est en travaillant au service de remplacement que j'ai découvert la production caprine et que j'y ai pris goût.

Mes parents n'étaient pas agriculteurs mais la famille disposait de 5 hectares de terre, et j'ai eu la chance de rencontrer un paysan voisin qui cédait ses 25 hectares et souhaitait installer un jeune. J'ai également été bien entouré et conseillé. L'accompagnement des porteurs et porteuses de projet est indispensable.

Aujourd'hui, je suis en agriculture de conservation, je ne fais donc pas de travail du sol, ce qui me permet d'augmenter la fertilité de mes sols et d'avoir des charges de mécanisation réduites.

Je suis toujours parti en vacances, une semaine minimum par an, grâce au service de remplacement ou au salarié en Cuma*.

Dans les prochaines années, mes objectifs sont de sortir les chèvres pour les faire pâturer sur les 25 hectares attenants au bâtiment, de diminuer le cheptel en passant de 250 à 220 chèvres (entre 160 000 et 200 000 litres de lait sont suffisants pour faire vivre une seule personne) et de développer la vente directe de colis de viande de chevreaux.

Mon installation a eu lieu pendant la crise du lait de chèvre de 2010. Après trois années de crise due à un excédent de lait, la tendance s'est renversée. Mais je redoute une nouvelle crise car il n'y a actuellement aucune gestion de la production de lait de chèvre. Une piste serait de s'appuyer sur les organisations de producteurs (OP) pour mettre en place des outils de régulation de la production et ainsi éviter que les éleveuses et les éleveurs produisent trop de lait.

Lors de la crise sanitaire liée au Covid-19, les ventes des AOP* fromagères se sont effondrées (arrêt brutal de la restauration hors domicile et chute des ventes à l'export) : pour éviter des surstocks et une baisse de qualité, les interprofessions ont décidé de produire moins.

La filière caprine est également confrontée à des difficultés au niveau de la commercialisation des chevreaux. C'est dommage car c'est une viande de qualité, pauvre en graisse, mais aujourd'hui on ne sait pas quoi en faire. Il est prévu de l'exporter au Moyen-Orient mais ce sont des pays instables au niveau politique et les marchés peuvent se fermer très rapidement. Idéalement, il faudrait que la viande de chevreaux prenne la place des agneaux de Nouvelle-Zélande dans nos rayons.

Je suis fier d'être représentant d'un syndicat qui m'écoute et avec qui je suis sur la même longueur d'onde. Mais il faut informer et mobiliser les adhérent·es de la Conf' autour du lait de chèvre.

C'est pourquoi je souhaite faire passer le message qu'il existe une filière caprine au sein du réseau de l'agriculture paysanne et que tous les éleveurs et éleveuses de chèvres doivent se sentir concerné·es, même celles et ceux qui sont ne commercialisent pas en filière longue (100 % transformation, vente directe, chèvre angora...). »


Cet article est issu du numéro 364 de Campagnes Solidaires
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