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ELEVAGE PAYSAN
11.01.2021

Grippe aviaire : le coupable n’est pas l’élevage plein-air, mais l’industrialisation des filières volailles

La Confédération paysanne s'adressera au Ministre de l’agriculture en déplacement ce lundi dans le Gers pour lui rappeler les demandes portées avec le MODEF 40 sur la gestion de ce nouvel épisode d'influenza aviaire.

Trois ans après la dernière crise sanitaire liée à la diffusion du virus H5N8, nous assistons à la même incapacité d'affronter les raisons structurelles de ce désastre.

Depuis les années 2000, les volumes de production n'ont cessé d'augmenter. Dès lors que le virus de l'influenza aviaire circule, sa diffusion devient inévitable, comme le démontre la charge virale extrêmement élevée dans le sud-ouest.

L'autre conséquence de cette course aux volumes a été la segmentation de la production, générant des flux incessants d'animaux vivants. Visiblement, les promesses de rapprocher zones d'élevage et zones de gavage n'ont pas été tenues. Cette organisation booste la circulation et donc la diffusion du virus.

Rien n'a été fait pour relocaliser la production, réduire la densité dans les territoires comme la Chalosse ni développer les productions de qualité. A l'inverse, la claustration est devenue le remède à tout. Cette solution ne fonctionne pas. Au contraire, imposée comme pensée unique, elle est utilisée pour cibler les petits éleveurs et les menacer de ne pas être indemnisés ; alors que ce sont les orientations des grands acteurs économiques qui sont en cause.

Alors, que proposent l'ANSES* et le ministère ? Courir après le virus, en multipliant les abattages et en ciblant le plein-air ! Alors qu'il n'y a aucune preuve que les contaminations à ce stade proviennent de la faune sauvage, au contraire, les foyers chez les oiseaux migrateurs tendent à baisser. Le plein-air devient le bouc émissaire.

Cette stratégie est vouée à l'échec : les abattages des foyers sont retardés et les abattages préventifs génèrent des déplacements d'animaux donc les abattoirs sont réquisitionnés, ce qui accélère la diffusion du virus. Par ailleurs, la base de données avicoles n'est pas partagée. Ce manque de transparence et de capacité de gestion collective empêche de proposer une stratégie sanitaire fine et consensuelle.

Enfin, les indemnités ne doivent pas servir à relancer la filière industrielle (comme c'était le cas lors de la crise précédente), mais bien à sauver les élevages dans une perspective de changement structurel de l'organisation de la production de volailles. Les indemnisations ne doivent pas faire payer à l'État et aux contribuables les erreurs de la filière industrielle.

La Confédération paysanne et le Modef* proposent en conséquence une autre stratégie :

  • Gérer en priorité les foyers en abattant sur site car les déplacements vers les abattoirs accroissent le risque de contamination.
  • Interdire les déplacements de tout palmipède vivant dans une zone très large. Pour les Gallus, autoriser la sortie de produits avicoles et d'animaux à abattre uniquement localement.
  • Dans certaines zones où la situation est intenable : dépeupler les élevages de PAG en les valorisant en filière viande et étudier la possibilité d'abattre sur place les animaux jeunes.
  • Pour les élevages autarciques sains, dans les zones peu denses, permettre la fin des lots, étant donné le non déplacement des animaux. En zone dense, évaluer la possibilité en fonction de l'éloignement des foyers
  •  Indemniser les pertes en se basant sur la comptabilité de chaque élevage.

Il est indispensable d'agir sur les causes structurelles : en relocalisant la production de volailles, afin de limiter les déplacements d'animaux vivants et en réduisant la densité par exemple en plafonnant le nombre de palmipèdes à 3200 par exploitation dans la filière industrielle en période à risque.

Nos organisations syndicales ne resteront pas les bras croisés devant autant de mépris du travail des éleveurs et éleveuses et d'injustices.

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