Home > Actualités > Des fermes qui respectent le climat, c’est possible !
Partager sur :
CAMPAGNES SOLIDAIRES
21.04.2021

Des fermes qui respectent le climat, c’est possible !

29.04.2021 -

Le 5 mars, la ferme de Gaëlle Petit et Jean-Pierre Chassang, à Lorcières (Cantal) ouvrait ses portes à l’occasion du Salon à la ferme organisé par la Confédération paysanne. La thématique choisie pour la discussion avec les visiteuses et les visiteurs était « Concilier agriculture et environnement », avec la participation de Jean-François Périgné, secrétaire national du syndicat.

Jean-Pierre Chassang est paysan dans le Cantal, en Gaec* avec sa compagne, Gaëlle Petit. Le couple produit 100.000 litres de lait de vache bio par an, livrés à Sodiaal, sur une ferme autonome, économe, rémunératrice et « bas carbone » (1).

A l'heure où l'Etat fait semblant de prendre des mesures, et même une loi, en faveur du climat, bien loin des préoccupations des Français.es exprimées lors de la Convention citoyenne pour le climat, des paysan.nes ont su et savent encore prendre leurs responsabilités. Bien loin des chemins tout tracés par le syndicalisme majoritaire et l'agrobusiness, certain·es ont choisi le respect des travailleurs, des animaux, des territoires, de la nature… et donc du climat !

Fin février et début mars, le Salon à la ferme (merci la Conf' pour cette idée géniale !) a permis de mettre en lumière et de communiquer sur ces pratiques vertueuses qui permettent de ne pas participer au réchauffement climatique et à la perte de biodiversité. Une agriculture propre, c'est possible ! Ah oui ! Mais comment fait-on ? On revient aux bœufs ? Ben non ! Alors, on utilise les technologies high-tech qui avilissent les paysan.nes pour « optimiser » les engrais chimiques et autres pesticides qu'on utilise toujours, bien sûr ? Ben, non plus ! Mais alors, quoi ?

 

L'équilibre de la nature, donc l'agriculture paysanne !

Le bon sens, mon gars et ma fille ! C'est la troisième voie, la seule qui soit durable, la seule grâce à laquelle la vie restera possible sur Terre. Ah oui, et c'est quoi « ton » bon sens ? L'équilibre de la nature, donc l'agriculture paysanne ! Regarde cette foutue ferme perdue dans le Cantal : là-bas, la plupart des prairies sont naturelles, pleines de biodiversité, les sols sont gorgés de vie, les vaches mangent encore de l'herbe (si, si, je t'assure !), les arbres et les haies sont partout, le tracteur utilisé avec parcimonie, les engrais, plastiques d'ensilage ou d'enrubannage bannis… Il y a plus de carbone stocké dans les sols que d'émissions dues à l'élevage ; tout ça, ça aide ! Et tu sais, quoi ? En plus, les paysan.nes sont heureu.ses, font des produits alimentaires de grande qualité… et gagnent leur vie, c'est pas beau, ça ? Oh, ils ne sont pas très riches, le tracteur à cent mille euros, c'est pas pour ici, la Cuma* du surinvestissement non plus… Mais leur richesse est ailleurs : dans tous leurs produits, dans les relations avec leurs animaux, dans tous les spectacles que Dame Nature offre à qui sait l'écouter, l'observer et la respecter : ça c'est du bonheur, du vrai !

 

Gros bémol

Mais il y a quand même un gros bémol. Vu qu'on va pouvoir monnayer les droits à polluer, le mec ou la nana qui a un système agricole bien pourri sur sa ferme en 2021, s'il ou elle s'améliore, en 2026, il ou elle pourra vendre, tout en polluant encore, des crédits carbone à tous les industriels soucieux de réchauffer au plus vite la planète. Mais dans les règles de l'art, légalement : à pourrir, la planète, autant le faire bien… Et ces paysan.nes du Cantal qui ne participent pas au dérèglement climatique mais en subissent autant les aléas climatiques, comme ils sont moins opportunistes et plus prudents, ils les gèrent quand même pas trop mal. Résultat : ils ne quémandent pas d'aides pour l'achat de fourrages, ne changent pas leurs volumes de production pour profiter de la hausse des cours et donc favoriser leur effondrement et demander ensuite des aides de substitution… Bref, ces paysan·nes ne coûtent pas un rond à la société, ou bien peu. En plus, ils prennent soin de zones humides alors que l'Etat, lui, préfère artificialiser les sols, détruire les écosystèmes à outrance - « plan de relance » oblige - tout en créant des bassines d'irrigation pour des cultures toujours plus intensives.

Au final, ces paysannes et paysans continueront leur œuvre, façon Giono (cf : L' homme qui plantait des arbres), dans l'indifférence, à l'ombre de voisin.es qui n'ont aucune honte à pleurer auprès d'un Etat qui les gave d'aides Pac et cautionne leur système mortifère, allant même jusqu'à leur permettre de faire du fric sur la mort de la planète !

C'est pas beau, ça ?

Jean-Pierre Chassang

 

(1) Pour en savoir plus sur la ferme du Gaec* des Ferrandaises, lire l'article du quotodien régional La Montagne, publié à l'occasion du Salon à la ferme : https://urlz.fr/f9tk


Cet article est issu du numéro 371 de Campagnes Solidaires, le mensuel de la Confédération paysanne.

TROUVEZ UNE CONF'
CAMPAGNES SOLIDAIRES
NOUS CONTACTER Mentions légales
Copyright 2018 - Tous droits réservés - Confédération paysanne
104 Rue Robespierre, 93170 Bagnolet - Tél +33 1 43 62 04 04