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AGRICULTURE ET ALIMENTATION
16.06.2021

PAC : l’État renonce à la production de fruits et légumes en France

Alors que le « manger frais et local » est devenu le maître-mot du ministre de l'Agriculture depuis la crise sanitaire, cette ambition s'est envolée s'agissant des fruits et légumes. Ces productions, en proie à un effondrement lié aux distorsions de concurrence organisées par le Marché Unique Européen, sont parmi les plus en difficulté dans notre pays. Pourtant, le ministère de l'Agriculture s'obstine à refuser la création d'une aide couplée dédiée aux fruits et légumes dans le cadre de la future PAC*. Ce choix de l'État est celui du renoncement à maintenir ces productions sur notre territoire. C'est le choix de « déléguer à d'autres la production de notre alimentation », pourtant qualifié de « folie » par le Président de la République.

En lieu et place d'une telle aide couplée, le Ministère a présenté ce mardi aux organisations professionnelles agricoles une bien étrange « aide couplée au petit maraîchage et petits fruits », qui semble avant tout viser à dissimuler ce renoncement.

Le montant dérisoire de cette aide, 10 millions d'euros, soit 0,11% de la PAC*, amène évidemment le Ministère à définir un ciblage drastique, au point que cette aide n'est ni une aide couplée au maraîchage, ni une aide aux petites fermes.

D'une part, le plancher d'accès de 1ha envisagé exclut, précisément, la majorité des petites surfaces. D'autre part, le plafond excluant de 3ha, une innovation de circonstance, écarte l'écrasante majorité des fermes légumières. Il est d'ailleurs permis de douter de sa recevabilité par la Commission européenne. Au final, non seulement l'ensemble des arboriculteurs.trices sont laissé.e.s sur le carreau, mais de surcroit moins de 10% des producteurs.trices de légumes pourraient prétendre à ce dispositif : on parle de 3000 bénéficiaires en tout et pour tout...

Entre autres arguments irrecevables, le Ministère tente de justifier la dimension microscopique du budget envisagé en convoquant la situation économique des filières d'élevage, dont les aides couplées procèdent de la même enveloppe… Mais pour rappel, ce ne sont pas les arboriculteurs.trices ou les maraîcher.ère.s qui bradent notre élevage dans des accords de libre-échange tous azimuts, ou qui ont renoncé dans la loi Egalim à sécuriser le revenu des éleveurs.euses. Et ce ne sont pas eux, non plus, qui empêchent la revalorisation du paiement redistributif qui dégagerait des marges de manœuvre économiques supplémentaires…

La Confédération paysanne exhorte le Ministère à mettre en cohérence ses affichages politiques avec ses propositions techniques concernant la future PAC*: D'une part, le secteur des fruits et légumes a besoin d'une véritable aide couplée, c'est-à dire qui prime les premiers hectares de toutes les fermes engagées dans ces productions. D'autre part, toutes les petites fermes ont besoin que soit activée l'aide aux petits agriculteurs prévue dans le règlement européen, quelles que soient leurs productions car toutes sont pourvoyeuses d'emploi, de valeur ajoutée et de vitalité pour les territoires. A défaut, l'État donnera à voir combien peu lui importe l'alimentation de la population et l'avenir de notre ruralité.

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