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CAMPAGNES SOLIDAIRES
16.12.2021

L'agriculture paysanne charentaise face aux bassines

Dans le bassin hydrographique de l’Aume-Couture, en Charente, 14 bassines existent déjà et 9 nouvelles sont en projet.

Depuis 20 ans en Poitou-Charentes, des bassines sont érigées comme solution pour garantir l'accès à toujours plus d'eau par certains irrigants. Remplies par pompage dans les nappes phréatiques l'hiver, elles ont pour objectif de réserver des volumes d'eau afin de pouvoir maintenir un haut niveau d'irrigation l'été, alors que les restrictions tombent de plus en plus tôt en saison.
Déjà 20 ans, 20 ans qui nous prouvent aujourd'hui que leur présence ne répond en rien à la problématique générale de l'eau face à sa raréfaction et face aux assecs, quand  rivières et étangs se retrouvent sans eau.  
Sur le bassin hydrographique de l'Aume-Couture, en Charente, il existe déjà 14 bassines, pour un prélèvement annuel de 3 millions de m³ ; le projet de construction de 9 nouvelles bassines permettrait le pompage de 1,6 millions de m3 supplémentaires. Ces nouveaux volumes prélevés pour ces 9 bassines serviraient à moins de 5 % des agriculteurs et agricultrices du bassin, alimentant seulement 19 exploitations sur 418.
Ces 9 bassines coûteront 12 millions d'euros et seront financées à grand renfort de subventions : 70 % d'aides publiques, ce qui équivaut à plus de 400 000 euros de subventions par exploitation, les 30% restants seront financés par l'ensemble des irrigant·es via leur association syndicale.
En prime, ces 9 bassines artificialiseront 48 hectares de terres agricoles, dûment plastifiés.
Autour de ces bassines, les surfaces en monoculture de maïs sont très présentes, mais aussi des cultures de blé, tournesol et colza. Ces productions vont principalement alimenter le deuxième port exportateur de céréales de France, celui de la Pallice, à La Rochelle. Les coopératives agricoles locales y ont beaucoup investi, via le groupe SICA Atlantique, ainsi que Socomac (groupe Soufflet). Ces deux principaux investisseurs ont donc tout intérêt à favoriser l'irrigation intensive pour s'assurer des volumes et rester une force d'exportation.
Tout cela montre que ces bassines sont bien l'outil d'une agriculture toujours plus industrialisée, où le maïs est roi. Que leurs promoteurs s'accaparent notre bien commun, l'eau, pour ensuite l'exporter sous forme de céréales. Qu'elles favorisent l'agrandissement des exploitations et l'agriculture intensive, empêchant l'indispensable transition agroécologique, tout en artificialisant et plastifiant des terres agricoles. Mais aussi qu'il est temps de remettre en question la stratégie d'exportation de l'agriculture française.
C'est pourquoi nous pensons qu'il faut arrêter tout de suite ces projets qui nous bassinent !
Cet accaparement de nos réserves d'eau par une poignée d'agriculteurs privilégiés n'est plus tolérable. Nous désirons un accès partagé à l'eau, prenant en compte tous les usages, qu'ils soient agricoles ou autres. Qu'une réelle concertation citoyenne et représentative de toutes les parties, sans lobbying, ait vraiment lieu sur les territoires pour enfin définir nos usages de l'eau.
Nous demandons une réorientation des aides publiques utilisées pour ces projets « bassinesques » vers un réel accompagnement de l'agriculture pour une transition et un changement de pratiques, afin de préserver nos réserves d'eau, en qualité et quantité.
Oui, l'agriculture paysanne a besoin d'eau, mais pour répondre à son enjeu majeur : assurer la souveraineté alimentaire nationale et changer de modèle.

Agnès Rousteau Fortin
porte-parole de la Confédération paysanne de Charente

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