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CAMPAGNES SOLIDAIRES
05.12.2013

A la découverte des paysans de la mer

Saunière sur l'île de Noirmoutier (Vendée), Isabelle Blanchard est une « paysanne de la mer » adhérente de la Confédération paysanne.

Tous les mois découvrez un article entier du dernier numéro de Campagnes Solidaires. Ce mois-ci nous partons à la découverte des paysans de la mer.


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Dans plusieurs régions côtières (de la Bretagne au Languedoc), des ostréiculteurs, mytiliculteurs et pêcheurs à pied sont adhérents de la Confédération paysanne. Petit éclairage sur ces confédérés méconnus et leurs métiers.

C'est quoi un paysan de la mer ?

En défendant nos métiers (ostréiculteurs, mytiliculteurs, sauniers, pêcheurs à pied, goémoniers…), nous sommes les porte-parole du dernier milieu non domestiqué de notre Terre. La vie marine se concentre sur la bordure côtière irriguée et amendée par l'eau douce des fleuves. Ainsi sommes-nous tributaires de la qualité du milieu. En ce sens, nos diverses productions sont des sentinelles de l'état général de l'océan.

Bien plus  cueilleurs que véritables paysans, nous nous contentons de laisser faire la nature (aucun apport d'aliment extérieur, d'engrais ou de traitements sanitaires tout au long du cycle de production) pour, au final, commercialiser des animaux vivants.

C'est qui les paysans de la mer ?

Le chiffre d'affaire de la conchyliculture s'élevait à 520 millions d'euros en 2010. Les principaux secteurs d'activité sont l'ostréiculture (production d'huîtres) et la mytiliculture (production de moules). En 2009, l'activité concernait 2 952 entreprises et représentait 9 566 emplois équivalent temps plein.Avec 84 100 tonnes en 2010, la France produit les 3/4 des huîtres européennes et est, avec près de 74 000 tonnes, le second producteur de moules en Europe derrière l'Espagne.
On compte environ 1200 pêcheurs à pied professionnels.

La filière « algue » emploie 1000 personnes dont 650 saisonniers qui exercent le métier de goémonier.

Enfin n'oublions pas nos collègues sauniers – ou paludiers, selon la région - répartis sur la côte atlantique, du sud Bretagne jusqu'à Oléron.

Et le lien terre/mer ?

Les dégâts du productivisme se manifeste au grand jour.Quand on constate des marées vertes de Dieppe à Oléron,  la Charente-Maritime pleure ses cours d'eau à sec en été. Sans l'eau douce et ses sels minéraux, la chaîne alimentaire est cisaillée à la base. Sans parler des pesticides et autres métaux lourds qui impactent directement les coquillages filtreurs...

L'urbanisation (1) et l'aménagement agricole du territoire ont de multiples impacts sur nos activités : flambée du prix du foncier, qualité des eaux, conflits d'usage (plaisance),  submersion jusqu'à 13 km sur des  marais littoraux drainés et détournés de leur vocation première de zone tampon au profit de la production intensive de maïs (voir la tempête Xynthia)…

L'abandon progressif par l'Etat de son rôle régalien de gestionnaire du domaine public maritime privilégie une politique de purification systématique des coquillages, dont ni le consommateur, ni les professionnels ne sortiront bénéficiaires, au détriment de la  préservation de la qualité du milieu.

L'empilement de réglementations environnementales parfois contradictoires, auxquelles nous sommes a priori favorables, impacte nos activités. Vouloir à tout prix sanctuariser une nature fortement influée par l'homme est pour nous une aberration.

L'actualité

Le « progrès » tend à proposer une ostréiculture, dite « moderne », prônant l'adoption de techniques calquées sur le modèle agricole intensif (naissain d'écloseries, triploïdes…) dans une recherche permanente de gains de productivité, par le biais d'un raccourcissement du cycle de production.

A l'opposé, une conchyliculture qualifiée de « ringarde » par nos adversaires résiste pour défendre un modèle basé sur des petites structures familiales traditionnelles. Le but recherché est l'autonomie des exploitations par la prise en compte des caractéristiques du terroir (captage naturel, conditions climatiques…) pour obtenir un produit de qualité respectant la saisonnalité et commercialisé en circuit court.

Professionnellement éclatés sur l'ensemble du littoral français (5000 km), physiquement isolés sur nos concessions, la tradition de syndicats généralistes est absente du monde maritime. La profession est organisée autour  des Comités régionaux conchylicoles (CRC), sortes de « chambres d'agricultures » élues au sein de petits syndicats de branches (éleveurs, affineurs, expéditeurs…) ou géographiques. Ceux-ci sont  regroupées sur le plan national au sein du CNC qui joue le rôle d'une interprofession, sans aucune véritable représentativité (suppléant de la Fnsea au sein du Conseil national de la mer et des littoraux).

En 2014 seront renouvelés les CRC, l'occasion de faire connaître dans la campagneles orientations de la Confédération paysanne qui vont dans le sens de nos revendications pour défendre efficacement les paysans de la mer. 

 

Jean-François Périgné,
mytiliculteur en Charente-Maritime,

(1) 10% de la population vivent sur les côtés qui représentent seulement 4 % du territoire, avec une multiplication par 10 en été)

Pour tous ceux que le monde maritime intéresse, 2 liens intéressants : aquaculture-aquablog.blogspot.fr et  www.ostrea.org


Crédits photos : Georges Bartoli
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