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CAMPAGNES SOLIDAIRES
03.03.2015

La Ciap installe et s'installe dans les Pays de la Loire

Depuis la fin de l'année 2014, dans chaque département des Pays de la Loire existent désormais des « coopératives d'installation en agriculture paysanne ». Le modèle : la première Ciap, créée en 2012 en Loire-Atlantique.Une initiative soutenue par le Conseil régional



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En deux ans de fonctionnement, la Coopérative d'installation en agriculture paysanne de Loire-Atlantique - la Ciap 44 - peut déjà tirer un premier bilan positif : depuis octobre 2012, sur les 22 personnes ayant achevé leur stage de « paysan créatif », 14 sont aujourd'hui installées (1). 4 ont repris un emploi salarié dans l'agriculture mais avec le projet de s'installer dans les mois ou les années à venir. Et une quarantaine de stages de ce type sont en cours.

Créée par des paysans et organisations membres ou proches de la Confédération paysanne, la Ciap est un outil nouveau et original à plus d'un titre. Elle part du constat que l'installation est en chute libre en Loire-Atlantique, comme ailleurs en général (- 30 % ces dernières années dans ce département) et s'adresse en priorité – mais pas exclusivement - à celles et ceux qui ont envie de devenir paysan mais rencontrent le plus de difficultés pour réaliser ce projet : les hors cadres familiaux et, parmi ceux-ci,  les « nima », comme « non issus du milieu agricole ».

D'abord association, la Ciap 44 devient le 14 mars 2013 une société coopérative d'intérêt collectif (Scic), ce qui en dit long sur son inscription dans le champ sociétal (cf. encadré).

La Ciap propose trois formes d'accompagnement à toute personne porteuse d'un projet précis (phase de pré-installation) et - à défaut d'avoir déjà trouvé des terres - un territoire délimité, si possible à l'échelle du canton (2).
 

L'outil pivot : le stage « paysan créatif »

C‘est le cœur du dispositif. Le candidat paysan est officiellement stagiaire de la formation professionnelle qui lui assure couverture sociale t indemnisation minimum. S'il est chômeur indemnisé par Pole Emploi, il continuera de percevoir ses droits. Sinon, il percevra une indemnité du conseil régional des Pays-de-la-Loire, à hauteur de 650 euros par mois (3). Tout au long de son année de stage, le « paysan créatif » bénéficiera de 200 heures de formation et de 1620 heures de stage pratiques, chez le paysan référent et - s'il l'a trouvé - sur son site d'installation.  Pour chaque porteur de projet sollicitant son accompagnement, la Ciap  pose trois conditions : justifier d'une formation agricole ou d'une expérience significative en agriculture (salariat agricole, par exemple), trouver (elle peut aider) un paysan référent qui sera en quelque sorte sont tuteur, son accompagnateur tout au long du parcours vers l'installation, et s'entourer d'un « groupe d'appui local », au minimum trois personnes dont le paysan référent, qui soutiendront sur tous les plans annexes le succès de la démarche (chercher du foncier ou un logement, connaître les autres acteurs agricoles ou élus du territoire, trouver un coup de pouce financier ou un coup de main exceptionnel...). « Mais le groupe d'appui local est tout aussi important, voire même plus, pour aider et soutenir le paysan référent dans son accompagnement », commente Claire Lavaur, animatrice salariée de la Ciap et l'une des trois cogérants de la Ciap (cf. encadré).
 

L'espace test

La Ciap propose également un « espace test » spécifique au maraîchage bio (4). A quelques kilomètres du centre de Nantes, près de trois hectares sont mis à disposition de la coopérative sur le domaine du  lycée agricole de Saint-Herblain. Trois bandes de 80 ares, avec chacune une belle serre, accueillent autant d'apprentis maraîchers. Là, pendant une année correspondant à un cycle de production, ils ou elles vont pouvoir se tester avant de s'installer pour de bon sur leurs terres. Les futurs paysans sont accompagnés par un professionnel aguerri qui se rend régulièrement - généralement deux fois par semaine - sur le site. Les deux premiers stagiaires – puisque les trois futurs maraîchers sont aussi stagiaires « paysans créatifs » - sont en place depuis le printemps 2014. Gabriel Juge, lui, est arrivé avec sa compagne en septembre. « J'ai fait une formation agricole en Dordogne, suite à diverses expériences sur des fermes, de type wwoofing (5), qui m'ont donné envie de m'installer. Les familles étant plutôt au Nord-Ouest de la France, nous sommes « remontés » et avons eu la possibilité de candidater auprès de la Ciap pour faire ce stage. En parallèle, nous cherchons du foncier, ici autour de Nantes, mais aussi un peu plus loin, en Bretagne, au cas où on ne trouverait pas ici. » « On se teste aussi à la vente », poursuit Gabriel. « La Ciap a un partenariat avec le réseau Biocoop sur Nantes, ce qui assure l'écoulement de la production, mais nous devons trouver nos propres débouchés. Nous faisons ainsi deux marchés et avons commencé à discuter avec la commune voisine d'Indre pour un possible approvisionnement de sa restauration collective. »

Le portage temporaire

La troisième forme d'accompagnement proposée par la Ciap est le portage temporaire du projet agricole. C'est un outil généralement déterminant dans la concrétisation de l'installation, un atout pour sa réussite. La Ciap assure l'hébergement juridique, administratif et commercial de l'activité économique du stagiaire. Elle paye les factures, encaisse le produit des ventes et lui verse son indemnité. Le procédé se rapproche des coopératives d'activité et d'emploi qui existent jusqu'ici hors de la production agricole.

Mais la coopérative d'installation va plus loin. Elle finance les investissements et les charges liées à la pré-installation, remboursés par l'ex-stagiaire lorsqu'il s'installe effectivement (6). C'est ce qui se passe par exemple pour Jonathan Thibaud, installé officiellement depuis le 1er février à Campbon, à une quarantaine de kilomètres au nord-ouest de Nantes. Salarié dans un élevage laitier de chèvres en Touraine, il cherchait à s'installer avec sa compagne entre Nantes et Saint-Nazaire, région d'où il est originaire. Fin 2013, Cap 44, association de développement agricole proche de la Confédération paysanne, l'informe de la nécessité de trouver rapidement un candidat à la reprise d'une ferme en liquidation judiciaire. Jonathan saisit l'opportunité. Mais les banques refusent de financer immédiatement son installation classique. Il se tourne vers la Ciap pour solliciter le portage temporaire le temps qu'il fasse ses preuves.  Le soutien local s'oppose au démantèlement de l'exploitation de 35 hectares.

« J'ai fait un emprunt pour acheter le foncier mis en vente par le liquidateur judiciaire (les bâtiments et un hectare de terres), et la coopérative d'installation a acheté le cheptel et le matériel », raconte Jonathan. Le stage terminé, je vais les lui racheter pour devenir à mon tour l'exploitant. Les 24 000 euros qu'a engagés la Ciap ont été déterminants, directement bien sûr, mais aussi pour démarrer mon activité. Depuis mars 2014 jusqu'à ce 1er février, j'étais stagiaire paysan créatif. C'est la Ciap qui était l'exploitant de la ferme. J'ai pu mettre au point la fabrication de mes fromages, créer mes débouchés et faire ma place dans le réseau avec l'accompagnement du paysan référent. La Ciap réglait les factures d'achat d'aliments nécessaire au troupeau et les autres besoins de l'exploitation. Elle encaissait en retour les recettes des ventes des fromages (20 000 litres de lait transformés, produit avec un troupeau de 60 chèvres,. Pendant ce temps, je continuais à toucher mes indemnités chômage depuis mon départ de Touraine. Il me reste d'ailleurs des droits pour les huit prochains mois, dont 45 % me seront versés en aide à la création ou à la reprise d'entreprise (Acre). Dans cette démarche coordonnée avec la Ciap, j'ai pu aussi toucher des aides du conseil régional et du conseil général en soutien à la bio et à la vente directe. Et aujourd'hui la banque accepte de financer mon installation « classique », avec DJA* (7). »

Et voilà : une ferme sauvée – notamment des voisins qui n'attendaient que son démembrement pour pouvoir s'agrandir -, et un nouveau couple de paysans en Loire-Atlantique (8). Ciap : CQFD.

 

Benoît Ducasse

 

La Ciap est une Scic
Depuis mars 2014, la Ciap 44 est une société coopérative d'intérêt collectif (Scic).
Cinq collèges la structurent. Le premier regroupe des organismes du secteur agricole (dont l'Ardear des Pays-de-Loire, Cap 44 – son « échelon » départemental -, les Civam* du département, la Fdcuma...), le deuxième des établissements publics et collectivités territoriales (dont la commune de Bouguenais, en banlieue de Nantes, ou la communauté de communes d'Erdre et Gesvres), le troisième des acteurs de l'économie solidaire (dont l'Ouvre-Boîtes,  coopérative d'activité et d'emploi, ou Terre de Liens), le quatrième des citoyens engagés à titre personnel (des paysans, des adhérents d'amaps, de Cigales...), enfin le cinquième regroupe les salariés de la structure. Ces associés élisent un conseil coopératif d'une quinzaine de membres.
Les cogérants sont les véritables gestionnaires de la Ciap. Ils sont trois : Claire Lavaur, animatrice salariée de la structure, Paul Bonhommeau, ancien paysan et ancien animateur national de la Confédération paysanne, et Benoît Rolland, paysan à Bouguenais, dans la banlieue de Nantes, épaulés de Simon Plessis, deuxième salarié de la structure.

 

C'est parti en Maine-et-Loire !
Quelques mois après celle de Vendée, la Ciap du Maine-et-Loire a été créée le 13 décembre 2014, lors de son assemblée générale constitutive. L'association Vivre au Pays (Adear* du Maine-et-Loire), Terre de Liens Pays-de-Loire et l'association Emergence ont travaillé à la mise en place d'une structure sur les bases de l'expérience menée en Loire Atlantique.
A ce stade, la Ciap 49 est encore loin d'être opérationnelle comme l'est la structure de Loire-Atlantique.  Mais les travaux de structuration sont lancés pour pouvoir proposer dès que possible les outils que sont les stages de paysan créatif, le portage temporaire ou les espaces test.  Au total, dix huit organisations étaient représentées lors de l'AG de décembre.

 

(1) 9 à titre d'exploitants agricoles, 3 sous statut de conjoints d'exploitants, 2 sous celui de cotisants solidaires.

(2) Sauf pour l'espace test qui peut être sollicité plus en amont de l'installation effective.

(3) Après la phase d'expérimentation des deux premières années, la Ciap espère signer une convention avec le conseil régional pour les deux prochaines, renouvelable une fois. La coopérative est également soutenue par le conseil général de Loire-Atlantique (subevention de 40 000 euros).

(4) La Ciap est membre du Reneta (réseau national des espaces test agricoles)

(5) De l'anglais « World-Wide Opportunities on Organic Farms », réseau mondial de fermes bio.Les wwoofers sont acueillis sur des fermes et échangent hébergement et apprentissages des savoir-faire paysan contre des heures de travail.

(6) La Ciap peut engager 40 000 euros par projet. Jusqu'à maintenant, on est plutôt à 10 000 euros en    moyenne pour les projets réalisés. Mais la demande monte pour des installation en élevage, ce qui          nécessitera sans doute plus de fonds engagés à l'avenir.

(7) Dotation jeune agriculteur.

(8) Pascaline, la compagne de Jonathan, va d'abord travailler sur la ferme comme conjointe d'exploitant avant de devenir exploitante à ses côtés.

 

 

Pour contacter la Ciap 44 :
31, boulevard Albert Einstein – 44323 Nantes Cedex 3
ciap44@orange.fr
Pour les porteurs de projet : porteurs.projets.ciap44@orange.fr

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