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CAMPAGNES SOLIDAIRES
07.05.2015

Une vitrine pour l'immensité de la créativité et de la dynamique citoyennes

07.05.2015 -

Débat de la Via Campesina lors du Forum social mondial

Tous les mois découvrez un article de Campagnes Solidaires. Ce mois-ci, un article sur le Forum social mondial de Tunis.



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Paysanne dans la Drôme, Christine Riba-Vernier participait au sein de la délégation de la Via campesina au douzième Forum social mondial, tenu à Tunis du 24 au 28 mars derniers.

80 pages de programme, des milliers d'ateliers en cinq jours : c'est mon premier Forum social mondial (FSM) et ma première expérience de vie avec la Via campesina.  La délégation occupe tout un petit hôtel. Nous sommes une bonne trentaine, entre les représentants des différents continents , les animateurs et animatrices et les précieux bénévoles pour les traductions.

La Via a sous sa responsabilité l'organisation et l'animation de 5 ateliers, préparés par des réunions téléphoniques durant les semaines précédentes. Nous assurons collectivement la bonne tenue de ces ateliers, de l'installation à la prise de note, en passant par l'animation et la résolution des soucis techniques qui ne manquent pas d'arriver, ceci afin de donner du poids, de la crédibilité à nos messages.

C'est particulièrement important à Tunis car la Via campesina n'est pas encore vraiment implantée au Nord de l'Afrique. Dans la région : une présence au Maroc et un tout début en Tunisie et en Palestine, pour l'instant. Nous devons montrer les positions, les propositions, les luttes de la Via campesina. Nous devons convaincre -  « séduire » -  les organisations locales de rejoindre la Via pour être plus forts tous ensemble, pour peser plus face aux pouvoirs en place, aux médias. Et les aider ainsi, et nous aider tous, dans leurs luttes et les nôtres, à être encore plus audibles, visibles, dans nos propositions d'agriculture paysanne et de défense du monde paysan.

Pour notre atelier sur la souveraineté alimentaire, une personne de chaque continent intervient sur un des thèmes les plus prégnants chez elle : un traitement vraiment intéressant et éclairant de ce concept souvent un peu vague pour les gens. 

Coordonné par Jean-Luc Juthier, paysan dans le Rhône, l'atelier sur les semences paysannes débat d'un thème sur lequel chaque continent a de quoi intéresser et faire bondir le public !

L'atelier « Migrations et accaparements des terres » travaille un sujet hautement sensible pour l'Afrique. Il s'appuie sur les interventions étayée et incarnées de Carlos, du continent américain, et de Nicolas Duntze, ancien porte-parole de la Confédération paysanne.

« L'agriculture paysanne comme solution au changement climatique » est le thème d'un autre atelier, sujet bien d'actualité avec la conférence de l'ONU* sur le climat, à Paris en décembre 2015, et très opportun sur le continent africain où les paysans subissent très durement les sécheresses, les accaparements de terres et de l'eau, la répression... Le phénomène n'est pas propre à l'Afrique : Miriam, du Chili, nous explique que sa région n'a pas vu une goutte d'eau depuis 8 ans ! Quelques heures plus tard, elle apprend avec stupeur que des pluies diluviennes s'abattent chez elle, causant des dégâts humains et matériels conséquents.

Le cinquième atelier, sur le rôle des femmes arabes dans le monde paysan, porte lui aussi son lot d'émotion, avec le témoignage poignant d'une jeune Sahraouie.

Sous la coordination - entre autres - de Chantal Jacovetti, ancienne secrétaire national de la Confédération paysanne vivant aujourd'hui au Mali, une déclaration contre l'accaparement des terres et de l'eau est rédigée et validée par une grande assemblée de convergence. Un gros travail commencé l'an dernier au Maroc, qui sera fort utile à opposer aux gouvernements et entreprises peu scrupuleux à respecter les droits des paysans.

En dehors de ses cinq ateliers, la Via campesina intervient aussi dans les ateliers d'autres organisations et dans les assemblées de convergence du dernier jour sur tous les sujets en lien avec l'agriculture.

Le foisonnement ne facilite pas l'organisation du FSM : les participants perdent beaucoup de temps et de patience à chercher sur un campus immense les bonnes salles pour leurs réunions et autres rencontres. La météo n'aide pas non plus : pluie et vent violent perturbent la manif du premier jour et saccagent par deux fois les stands.

Mais de grands et beaux souvenirs nous marquent, avec toutes ces rencontres et échanges, l'immensité de la créativité et de la dynamique citoyenne : le FSM en est une formidable vitrine.

Christine Riba-Vernier,

paysanne dans la Drôme

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