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CAMPAGNES SOLIDAIRES
21.05.2015

L'innovation ouverte au service de l'agriculture paysanne et biologique

Tous les mois découvrez un article de Campagnes Solidaires. Ce mois-ci, un article sur l'Atelier Paysan, coopérative d'autoconstruction et de réappropriation de savoirs paysans



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L'Atelier Paysan, coopérative d'autoconstruction, développe depuis cinq ans une démarche innovante de réappropriation de savoirs paysans pour l'invention, la fabrication et l'évolution d'outils adaptés à l'agriculture bio.

Les 29 et 30 mars, le prestigieux site du Potager du Roi, à Versailles, accueillait l'assemblée générale de l'Atelier Paysan. Des paysans chez les Versaillais ? Voilà, qui rappelle des choses aux mémoires de confédérés (1). Et de fait, on en est pas loin du Larzac, tant l'initiative est en résistance à l'ordre marchand, un acte insurrectionnel quand se montent des projets monstrueux de fermes-usines.

La démarche repose sur un socle de recherche et développement. Il s'agit de répertorier les inventions et bricolages des paysans et paysannes qui ont conçu ou adapté eux-même des outils pour se faciliter la tâche, sachant que toutes et tous pratiquent l'agriculture biologique. 350 de ces outils sont inventoriés à ce jour. « On traque l'innovation », résume Fabrice Clerc, un des deux cogérants de l'Atelier Paysan. Le milieu de la bio est souvent peu argenté : il faut y faire preuve de beaucoup d'imagination. D'où l'idée de diffuser des modes opératoires pour fabriquer des outils « issus de l'innovation par l'usage ».

Pour les outils jugés les plus pertinents, les bénévoles et salariés de la structure procèdent à une redéfinition conduisant à la rédaction d'un tutoriel, testé par la réalisation d'un prototype. Le but est de permettre aux paysans ou paysannes de réaliser seul ou en groupe cette machine à l'aide de trois outils de base : une perceuse à colonne, un fer à souder et une meuleuse.

Les tutoriels sont postés et téléchargeables sur le site Internet de l'Atelier (2) : onze sont aujourd'hui disponibles, essentiellement pour le maraîchage. Mais ça devrait s'élargir bientôt : la réalisation d'une nouvelle dizaine de tutoriels est en cours, qui concernera aussi la viticulture, l'arboriculture et les cultures céréalières (notamment à l'attention des paysans-boulangers).

On l'aura compris : le processus est évolutif, tout le monde est appelé à inventer, à signaler de nouvelles innovations et à faire évoluer les outils et leurs tutoriels. L'Atelier Paysan s'appuie sur l'innovation ouverte : rien n'est breveté, tout est libre de droit.

L'idée vient à Fabrice Clerc et Joseph Templier. Ils la conceptualisent en 2009, au sein du groupement d'agriculteurs bio dont ils sont membre pour Joseph et salarié pour Fabrice, l'Adabio. Ce n'est pas un hasard, plutôt un aboutissement : couvrant quatre départements du nord de Rhône-Alpes, l'Adabio a toujours fondé la majeure partie de son travail sur les techniques et outils de production, sur la diffusion horizontale des savoirs paysans. Soutenue par le conseil régional, Adabio Autoconstruction est créée en 2011 et lance ses premières formations.

Le succès est vite au rendez-vous. La demande est forte : 350 usagers (et non clients) participent à l'activité de l'Atelier Paysan durant ses cinq premières années d'existence. Au point que la structure évolue rapidement : depuis mars 2014 et sa précédente assemblée générale, c'est désormais une société coopérative d'intérêt collectif (Scic). L'un des temps forts de l'AG 2015 à Versailles est l'entrée, aux côtés des 14 sociétaires particuliers du départ, de personnes morales comme sociétaires, tels la couveuse d'activité paysanne francilienne « Les Champs du possible », le groupement d'agriculteurs bio (Gab) du Finistère, l'association Hippotèse qui promeut la traction animale ou des cigales, clubs d'investisseurs acteurs de l'économie sociale et solidaire.

L'autre temps forts à Versailles est le lancement véritable du processus d'essaimage de l'Atelier Paysan à travers la France. De Rhône-Alpes où elle est née, la Scic a déjà construit une antenne en Bretagne, en 2013, profitant du déménagement d'un de ses formateurs salariés. Diverses formations réalisées ou programmées dans le reste du pays devraient permettre un rapide élargissement. Et les moyens devraient suivre, l'Atelier actant lors de son assemblée générale le doublement de son budget pour l'année à venir (3).

Cogérée par ses deux fondateurs, la structure emploie sept salariés. A leur côté, un comité d'appui et d'orientation, dégagé des contingences de gestion quotidienne, pense et coordonne le suivi de la démarche et son évolution. Maraîcher en Haute-Savoie, Matthieu Dunand est un de ses animateurs. Présentant le rapport du comité, il définit clairement l'Atelier Paysan comme « un outil au service de l'agriculture paysanne et biologique », appelant l'Atelier à cultiver sa proximité de valeurs avec la Confédération paysanne.

 

Benoît Ducasse

 
 
(1) Référence à Bernard Lambert, fondateur des Travailleurs Paysans, une des organisations à l'origine de la Confédération paysanne qui, en 1973 sur le plateau du Larzac en pleine lutte contre l'État et son projet d'extension de camp militaire s'était exclamé : « Jamais plus les paysans de seront des Versaillais !», allusion aux troupes de l'armée française, composée essentiellement de paysans qui avaient écrasé la Commune de Paris en 1871.

(2) www.latelierpaysan.org

(3) De 400 à 800 000 euros, globalement.
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