Home > Actualités > Sauver les éleveuses et les éleveurs de l'industrie ovine
Partager sur :
CAMPAGNES SOLIDAIRES
28.07.2016

Sauver les éleveuses et les éleveurs de l'industrie ovine

28.07.2016 -

Suivre son troupeau – de plus en plus grand, bien sûr – avec un drone : une nouvelle approche du métier de berger et de bergère, plus compétitive et excitante selon les leaders économiques, syndicaux et politiques de la filière.

Tous les mois, découvrez une article de Campagnes Solidaires. Ce mois-ci, un papier sur l'avenir de l'élevage ovin.



Cliquez ici

pour découvrir le sommaire du dernier numéro et vous abonner à Campagnes Solidaires !

 

Le Commissaire européen à l'Agriculture, Phil Hogan, a initié fin 2015 des réunions de travail sur la viande ovine.  Si la Coordination européenne Via campesina approuve l'initiative, elle souhaite que la filière ne tombe pas dans le même piège que les autres et présente fin juin ses positions.

Les deux premières réunions se sont tenues à Bruxelles en novembre et fin février. Dans la salle, des chercheurs, des fonctionnaires, des représentants du Copa*-Cogeca* (la Fnsea à l'échelle européenne) fustigent le manque d'innovation des moutonniers « tournés vers le passé, qui ne veulent pas adopter les techniques d'insémination animale et d'élevage de précision ». On parle de spectroscopie, de scan ultrasonique, de sélection génomique, d'élevage intelligent (sic) pour prévoir le rendement en viande des animaux vivants, de robotisation, de toutes sortes d'instruments de mesure, de drones pour surveiller les loups ou suivre la pousse de l'herbe, d'automatisation du pesage…

Le spectacle est affligeant. Pourquoi les éleveurs et les éleveuses n'adoptent pas ces innovations qui augmenteront leur revenu ? La Commission européenne estime qu'on n'a pas assez bien expliqué l'intérêt de ces outils modernes et qu'il faut être pédagogue. Le Copa*-Cogeca* exhortent de conditionner les aides à l'adoption de ces techniques de pointe. Ses adhérents sont loin des salles où leurs chefs les exécutent...

Citation entendue du représentant d'une coopérative : « Sur 1000 éleveurs que l'on a, il y en a déjà au moins 300 qui sont irrécupérables et tournés vers le passé ». Le Cogeca* (la branche « coopératives » du duo) demande une étude sur la diffusion de l'innovation aux éleveurs et éleveuses : il faut cibler les groupes et se concentrer sur ceux qui ont un avenir.
Loin du mépris et des fantasmes des technocrates et des agrimanagers, la Coordination européenne Via campesina (ECVC*) à adressé en juin 2016 son positionnement et ses revendications au commissaire à l'Agriculture . S'irritant de la méconnaissance du travail d'éleveur affichées lors des réunions à Bruxelles, elle rappelle que « la technicité d'un berger menant un troupeau ovin dans des parcours en montagne est très élevée. Un grand nombre de travaux de recherche montrent l'étendue du savoir-faire nécessaire aux éleveurs et aux éleveuses pour tirer profit au mieux des ressources d'écosystèmes souvent situés dans des zones reculées et défavorisées. »   

ECVC* présente ensuite ces revendications sur six piliers : la reconnaissance indispensable du pastoralisme, une révision de la conditionnalité des aides adaptée aux systèmes d'élevage, une lutte nécessaire contre la prédation des loups, la régulation du marché pour un revenu digne et le maintien d'un tissu dense de fermes et d'abattoirs, la reconquête du marché intérieur européen et une transition des systèmes ovins européens fondée sur l'autonomie des élevages, la qualité de la production et l'adéquation de l'offre à la demande.

Il y est question de démarches administratives simplifiées, de prise en compte de toutes les surfaces de nourrissage (telles les chênaies et les châtaigneraies en zones difficiles), d'aides couplées à l'UGB* (unité gros bétail), avec un accès commun à toutes les espèces de ruminants, permettant de favoriser les systèmes naisseurs-engraisseurs, diversifiés et le pâturage mixte (entre plusieurs espèces).  Sont également revendiqués la fin du puçage électronique obligatoire (il doit être facultatif dans tous les pays européens, sans discrimination), la reconnaissance du rôle du pastoralisme dans la défense contre les incendies, le maintien de la biodiversité, l'entretien des paysages et la valorisation des zones difficiles. Et bien sûr la lutte contre les traités de libre-échange à la mode Tafta et leurs dégâts économiques et sociaux.

Que pensera Phil Hogan de ses positions et revendications ? A Bruxelles, le commissaire européen est entouré lors de ses réunions de représentants professionnels, de techniciens et d'économistes qui parlent principalement de « l'industrie ovine » et non de filière ovine et encore moins d'élevage ovin. Ils – et elles, la représentante française de la Fédération nationale ovine, branche spécialisée de la Fnsea, y prend sa part - parlent d'usines plus grandes, plus efficaces, de restructuration des abattoirs aux volumes toujours plus importants... Compatriote du commissaire, un représentant de « l'industrie ovine » irlandaise prend son tour de parole pour regretter la taille des troupeaux européens, trop petite, qui empêche l'adoption des innovations citées tout au long des réunions : « Il y a trop d'éleveurs traditionnels et pas assez d'éleveurs commerciaux ». Comme tous ces gens disent et redisent la même chose, on a bien compris le discours, déterminés à le combattre.


Victor Pereira,
animateur national du pôle élevage de la Confédération paysanne

 

 



TROUVEZ UNE CONF'
CAMPAGNES SOLIDAIRES
NOUS CONTACTER Mentions légales
Copyright 2018 - Tous droits réservés - Confédération paysanne
104 Rue Robespierre, 93170 Bagnolet - Tél +33 1 43 62 04 04