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CAMPAGNES SOLIDAIRES
20.04.2017

Faire respecter notre travail et nos droits

Tous les mois découvrez un article de Campagnes Solidaires. Ce mois-ci, un article sur les dégâts du gibier.



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Eleveur laitier dans le massif du Pilat (Loire), Jean-Michel Granjon représente la Confédération paysanne au sein de la Commission nationale d'indemnisation des dégâts du gibier.

Les sangliers pullulent et avec eux les dégâts causés aux cultures et aux prairies. En vingt ans, le tableau de chasse a doublé : près de 667 000 sangliers ont été abattus durant la campagne 2015-2016, une multiplication par 2,2 par rapport à 1996 (1). Les régions les plus touchées sont le pourtour méditerranéen, une bonne partie du Massif Central et les Vosges, mais les dégâts se constatent dans tout les départements, sur toutes les cultures (céréales, vergers, vignes...). De plus en plus de paysans sont concernés.
Plusieurs facteurs expliquent cette augmentation des effectifs du gros gibier (2). Parmi elles, l'intérêt qu'y trouvent les fédérations de chasse peinant à garantir de quoi chasser à leurs adhérents face à la diminution du petit gibier confronté à la perte de son habitat (haies, bosquets). Il faut bien compenser...
Mais les paysans en ont ras-le-bol de voir leur travail saccagé, avec l'impression de subir sans rien pouvoir faire.
En 2014, un accord a été signé entre la seule Fnsea et la Fédération nationale des chasseurs, mais il est bien trop favorable à ceux-ci. Il implique paysans et chasseurs dans les moyens de prévention alors que nous ne sommes pas responsables. Il relève les planchers donnant droit à indemnisation : 230 euros de dégâts sur les cultures et 100 euros sur les prairies pour être indemnisé (ou 3% de la surface), contre 76 euros auparavant.

Des milliers de préjudices non indemnisés

Sont ainsi exclus de l'indemnisation des milliers de petits préjudices. Enfin les indemnisations sont loin de couvrir les pertes réelles. Par exemple, le maïs grain est indemnisée au maximum 125 euros la tonne quand ce maïs aurait été vendu 140 à 150 euros la tonne. Pour le maïs ensilage, l'indemnisation couvre juste la moitié de la perte, idem pour les prairies ou cela crée du travail supplémentaire de remise en état, sans prendre en compte la dégradation les années suivantes (apparition de rumex chardons, etc).
Depuis 2014, les syndicats agricoles minoritaires siègent aux côtés de la Fnsea et des JA* au sein de la Commission nationale d'indemnisation (CNI) de dégâts du gibier où je représente la Confédération paysanne depuis le début de l'année (3). Son rôle est de fixer des fourchettes de prix pour les barèmes d'indemnisation de dégâts, d'élaborer une « doctrine « dans l'interprétation des textes et d'étudier les recours déposés suite aux décisions des commissions départementales.
Mais ce n'est pas au niveau de cette commission que se traite le fond du problème.
S'il y a de plus en plus de dégâts, c'est bien parce qu'il y a bien trop de sangliers. Il faut rapidement et fortement réduire leur nombre. L'Etat, qui a souvent une position ambiguë en évitant d'affronter les chasseurs, doit jouer son rôle d'arbitre ! Il doit contraindre les chasseurs à réduire les populations. De plus, c'est à eux de supporter le coût des dégâts et des mesures de prévention, car ce sont eux les responsables de cette situation. Enfin l'agrainage (4) doit être réduit, voire interdit.
Nous ne sommes pas contre la chasse mais ne voulons (et ne pouvons pas) subir tous ces dégâts
Il faut investir les commissions départementales de la chasse et de la faune sauvage et mettre la pression sur les préfets, donc sur l'Etat à travers lui. Les paysans siégeant au sein de ces commissions sont nommés sur proposition de la chambre avec droit d'y siéger pour tous les syndicats représentatifs. En s'y investissant, en mettant la pression, en tapant les chasseurs au portefeuille, nous pourrons mieux faire respecter notre travail et nos droits.


Jean-Michel Granjon, paysan dans la Loire


(1) source Office national de la chasse (ONCFS FNC*)
(2) La population de chevreuil est aussi en forte augmentation, mais par rapport au sanglier, les dégâts sont de moindre importance même s'ils sont toujours pénibles à subir.
(3) Siègent à la CNI : 6 représentants des chasseurs, 5 représentants des paysans (Fnsea, JA*, APCA*, Confédération paysanne et Coordination rurale), l'ONCFS, l'ONF* et la forêt privée. Le Ministre de l'Environnement en nomme le président en dehors de ces représentants. Guy Mariette, paysan dans l'Orne, y représentait la Confédération paysanne avant Jean-Michel Granjon.
(4) Pratique qui consiste à nourrir les sangliers dans leur environnement, souvent à proximité de nos champs

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