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CAMPAGNES SOLIDAIRES
15.11.2017

Une coopérative de territoire reprend l'abattoir du Vigan

15.11.2017 -

L'abattoir du Vigan est le plus petit de France métropolitaine mais il est essentiel pour la vie des fermes d'élevage aux confins de l'Hérault et du Gard.

Tous les mois découvrez un article de Campagnes Solidaires. Ce mois-ci, un article sur un abattoir local repris sous forme coopérative.



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Après l'opprobre et la fermeture, l'abattoir du Vigan, dans le Gard, est repris sur un modèle coopératif associant les éleveurs locaux, les consommateurs et les collectivités, toutes et tous déterminés à maintenir un service public de territoire.

Février 2016 : les images diffusées par L214 montrant la maltraitance d'animaux à l'abattoir du Vigan sont la goutte d'eau qui fait déborder le vase pour la Communauté de ommunes du Pays viganais (CCPV) déjà bien embarrassée par l'endettement de son abattoir, le plus petit de France métropolitaine (1). En juillet, la CCPV annonce aux éleveurs qu'elle a besoin d'eux pour « défendre l'avenir de l'abattoir du Vigan auprès des collectivités qui se trouvent sous son aire d'action », faute de quoi son maintien serait en jeu. En novembre, le Conseil de communauté du Pays viganais vote l'arrêt des activités de l'abattoir au 31 décembre 2016. Suite à une réunion en décembre, nous décidons de créer une Scic (2) avec un collectif de 40 éleveuses et éleveurs afin de reprendre l'abattoir du Vigan, un outil en bon état et précieux pour les petits paysans des Causses, Cévennes et Garrigues qui commercialisent majoritairement en vente directe.
L'idée est soumise au Comité de développement économique de la CCPV, sachant que notre projet est déjà en concurrence avec la société privée Est Bétail. A l'unanimité, ce Comité émet un avis favorable à notre projet et nous octroie un délai supplémentaire pour la reprise de l'abattoir, qui devait être délibérée le 28 décembre…  Début 2017, il nous sera même proposé la signature d'un bail emphytéotique à l'euro symbolique, une solution équitable qui aurait permis à la CCPV de se décharger des responsabilités du propriétaire et à notre projet d'être dispensé d'un loyer s'ajoutant aux frais d'assurance, de réparation et d'investissements à venir.
Mars 2017 : au lendemain de leur procès, les deux salariés poursuivis suite à la diffusion de la vidéo de L 214, autorisés à reprendre leurs fonctions, se rendent à l'abattoir et s'y trouvent confrontés à des activistes venus au petit matin leur proférer des menaces de mort. Ils démissionnent. L'abattoir est ainsi fermé de manière inattendue pour une durée indéterminée… La situation ne pouvant durer, nous poursuivons les réunions et les rencontres pour avancer et rouvrir l'abattoir au plus vite. Nous bénéficions d'une enveloppe régionale qui nous permet d'être accompagnés par deux experts dans le montage du projet. Le préfet du Gard et les services vétérinaires encouragent notre initiative. La Coopérative Bouchère Paysanne voit ainsi le jour le 7 septembre et dépose son dossier le 18 septembre. L'échéance pour la réouverture de l'abattoir est encore repoussée mais nous restons confiants sur l'évidente pertinence de notre projet.

Le déroulement du processus de candidature nous révèle que notre projet territorial est encore en concurrence avec le projet commercial d'Est Bétail qui séduit la commission de sélection puisque la société est prête à payer le loyer maximal conseillé par l'avis comptable des domaines publics, et évoque même le rachat de l'abattoir (600 000 €). Face à ce concurrent, le loyer n'est plus négociable et nous devons nous engager à le payer, même s'il dépasse les loyers pratiqués par les collectivités dans le cadre de baux classiques. Dès le lendemain de cet engagement, nous apprenons que la société Est Bétail est en redressement judiciaire et que sa candidature n'est plus recevable…

Le 16 octobre, nous avons reçu la lettre attestant l'attribution de l'offre à notre Ccopérative dans le cadre d'un bail emphytéotique administratif d'une durée de 18 ans, avec un loyer de 12 375 euros par an. Entre soulagement et amertume, nous attendons la réception du bail et espérons rouvrir l'abattoir courant novembre après le dépôt du dossier d'agrément.
Notre projet vise tout d'abord à assurer que l'abattage et le travail de la viande se passent dans les meilleures conditions pour nous, pour nos animaux, et pour les consommateurs. Il est aussi question d'optimiser la gestion des déchets, de créer un atelier de transformation et d'organiser une offre de viande à la restauration collective sur le territoire. Souhaitant que notre fonctionnement soit accessible aux collectivités et aux consommatrices et consommateurs, nous proposons aux particuliers de soutenir le projet en adhérant à l'association et aux collectivités d'intégrer la Scic. Pour nous, l'abattoir du Vigan doit rester au service des habitants des territoires Causses, Cévennes, Garrigues !


Nathalie Savalois,
éleveuse à Brissac (Hérault)


(1) capacité : 400 tonnes/an
(2) Société Coopérative d'Intérêt Collectif

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