Home > Actualités > Covid-19 : La situation par production agricole
Partager sur :
COVID-19
24.03.2020

Covid-19 : La situation par production agricole

Afin de vous tenir informés, nous essayons de résumer régulièrement les informations qui nous remontent de la situation dans les différentes filières.

Productions animales 

Lait de vache

Le grand export a repris mais beaucoup de débouchés sont toujours à l'arrêt (restauration collective, restauration hors domicile) ou ralentis (marchés).

Certains produits laitiers ont du mal à s'écouler : c'est notamment le cas du fromage à la coupe et des produits haut de gamme (AOP*, IGP*). Les consommateurs.trices achètent plutôt les produits frais (beurre, yaourt, emmental râpé) et délaissent les fromages affinés. Le CNAOL (Conseil National des Appellations d'Origine Laitières) alertent sur la baisse moyenne de 60% des commandes pour tous les fromages AOP* et IGP*.

La situation est hétérogène selon les débouchés des entreprises laitières. Certaines (collecte, transformation, transport) présentent une activité réduite par manque d'effectif (droit de retrait, garde d'enfants, salariés malades) et par manque de commandes (RHF, resto-co), tandis que d'autres tournent à plein régime (tours de séchages saturées).

Ces éléments, combinés au pic de production printanier, sont à l'origine d'une surproduction laitière. Les éleveur.euse.s sont incité.e.s à diminuer leur production par leur entreprise de collecte sans plus d'indication, information très variable selon la localisation et l'entreprise en question. Le CNIEL a proposé une réduction volontaire des volumes de 2 à 5%, indemnisée par l'interprofession. L'IDELE a mis à disposition des éleveur.euse.s, des mesures techniques de réduction de la production laitière [ici]

L'incitation n'étant pas suffisante pour préserver l'équilibre et l'avenir de l'ensemble de la filière laitière, la Confédération paysanne demande une réduction obligatoire de 10% des volumes sur le mois d'avril, pour tous producteurs.trices. Il y un besoin urgent de régulation nationale, qui doit être compléter d'une régulation européenne.

Les enjeux de la filière sont :
Assurer la poursuite de la collecte du lait tout en régulant la production -> limitation de la production laitière afin d'éviter une chute des prix à la ferme (ex du Jura : réduction obligatoire des volumes de 8% par l'interpro du Comté).

  • Assurer le fonctionnement des usines et laiteries (en respectant les mesures de protection sanitaires)
  • Assurer le maintien des activités des laboratoires afin d'assurer le contrôle de qualité
  • Assurer le maintien des transports (besoin de chauffeurs)
     
Viande bovine

Malgré le ralentissement des abattages qui a succédé à la forte activité du début du confinement, la consommation de viande bovine reste dynamique sur les produits hachés mais aussi sur la viande brute. Les cotations, déjà à la baisse la semaine dernière, se sont accentuées. La fermeture des rayons trad en GMS complique l'écoulement de viandes de pièce et de qualité. Puisque la viande hachée se vend bien (évolution de la consommation), la Confédération paysanne demande une revalorisation de ce produit, afin que le steak haché soit rémunérateur aux producteurs.trices.

De même que pour la filière laitière, certains débouchés sont complètement à l'arrêt (restauration collective, restauration hors foyer). Dans le Limousin c'est la perte de 20% des ventes de veaux pour la vente en collectivité.

Les abattoirs restent très prudents et limitent leur activité (20 à 30% d'abattages en moins en Bretagne). La situation est contrastée selon les produits : JB fluctuant, moins de demande sur les réformes laitières (40% de baisse dans la Loire), situation correcte pour les races à viandes.

Afin de poursuivre le ramassage des veaux dans les fermes, la Confédération paysanne demande d'activer des aides au stockage privé et public, tant en garantissant la transparence aux éleveur.euse.s (prix, capacité de stockage). Les produits stockés devront être remis progressivement sur le marché, via un soutien de la restauration collective (promesse d'achat) et une communication adéquate pour ne pas fragiliser la filière.

L'importation pèse sur les prix, la Confédération paysanne demande de limiter celle-ci et de favoriser la production locale, seule garantie de la souveraineté alimentaire du pays, demandé par le Gouvernement.

​​​Caprins

Viande
La filière chevreau est fortement impactée. Il n'y a plus de départ de cabris vers l'Italie (30% des débouchés) et l'Espagne. De plus, les abattoirs ont anticipé la baisse de demande à Pâques. Ils limitent ainsi le ramassage en élevage afin de réguler les places d'engraissement. Les frigos des abattoirs et des engraisseurs sont déjà pleins et menacent d'arrêter les ramassages à la ferme.

Les chevreaux restent à la ferme, coûtent cher à entretenir et bloquent la production fromagère lorsqu'ils sont sous la mère. Les ateliers publics de transformation sont fermés, ce n'est pas possible de faire de la conserverie pour libérer de la place dans les congélateurs.

En circuit court, les clients (vente à la ferme) ont peur de venir, les paysan.ne.s ne peuvent pas toujours se déplacer, et dans le cas de report d'achat, les chevreaux seront plus gros, plus cher et donc achetés plus difficilement.

Les chèvres de réforme ne sont plus ramassées, mais contrairement aux chevreaux, elles sont plus facilement « stockables » à la ferme.

Revendications de la Confédération paysanne :

  • Assurer la collecte des chevreaux
  • Assurer la continuité de l'activité des ateliers de transformation et des abattoirs
  • Développer les outils d'abattage (abattage à la ferme) et de transformation sur le territoire pour revaloriser le travail de chevrier et les chevreaux

Lait
En ce qui concerne le lait et fromage de chèvre, c'est l'actuel pic de production printanière. Cependant, la situation a provoqué un revirement total.

Dans le cas des circuits courts, la situation est très hétérogène : certains producteurs.trices ont encore des marchés, d'autres non mais peuvent faire de la tome pour conserver, d'autres non plus rien. Il y a surtout des problèmes pour la commercialisation du fromage (AOP*) car beaucoup sont vendus en restauration et à l'export (60 à 80% des ventes sont supprimées). Les producteurs.trices trouvent des alternatives avec la livraison à domicile, en petits groupes, mais cela ne compense pas tout le volume. Ils sont très nombreux à se partager peu de débouchés (la vente directe) car ceux qui ont perdu leurs débouchés se sont rajoutés. Certains groupements d'achats se partagent les clients.
Beaucoup de marchés ont ré-ouverts mais l'affluence est moindre et les chevriers (trop) présents.

Revendications de la Confédération paysanne :

  • Soutenir les marchés pour multiplier les débouchés possibles
  • Que les GMS soutiennent les producteurs locaux en vendant leurs produits (avec la transparence des marges)
  • Condition des indemnités (70% CA) absurde car cette condition ne va pas pour les jeunes installés, les paysans malades, la garde d'enfant


Pour les circuits longs, chaque laiterie gère différemment mais les surplus seront détruits à la charge des éleveur.euse.s. La Confédération paysanne demande une gestion de ces volumes.

Revendications de la Confédération paysanne :

  • Transparence de la part des entreprises de transformation (si vraiment il y a saturation des outils de transformation et problème de main d'œuvre)
  • Transparence sur l'importation (chiffre importation). Incohérence de fermer l'export des chevreaux français en Espagne et Italie mais de poursuivre l'importation de lait européen
  • Transparence sur les décisions prises par le bureau ANICAP (pas de transparence actuelle sur les aides du ministère)
  • Défendre un maintien du prix : maîtrise des volumes et surtout pas de baisse du prix aux producteurs.trices
​​​
Ovins

Viande
Les coopératives demandent de rationner les agneaux qui étaient à l'engraissement pour faire du report. Les tris sont stricts, les coopératives ne gardent que les meilleurs agneaux. C'est 50% des agneaux qui ne seront pas vendus à Pâques. Les 50% restant (report) seront collectés et vendus bien après Pâques et fortement déclassés. En même temps, des camions hollandais arrivent à Rungis avec des agneaux sans prix et cassent le marché.
La grosse inquiétude concerne surtout l'après Pâques (à cause du report). Aucune visibilité sur les prix.

Une campagne de communication a été lancée par l'interprofession le 2 avril pour encourager la consommation française.

Revendications de la Confédération paysanne :

  • Importation (agneaux de NZ sont déjà arrivés depuis longtemps mais il y a 10j sont arrivés des camions irlandais et espagnols) : Prioriser l'agneau français aux importations européennes
  • Report: Il faut une gestion collective de ces agneaux français qui auront été congelés (le plus tôt possible pour avoir moins de viande) pour assurer aux producteurs un prix correct
  • Que la réforme de la PAC* soit moins libérale (il faut tirer la leçon de la crise)
  • Maintien des activités d'abattage, notamment les abattages rituels (l'abattage Allal et Cacher représentent un marché important)

Lait
Il n'y a pas de solidarité entre les entreprises et toujours 20 millions de litre lait importée d'Espagne (cas du Pays Basque). La météo est favorable à la production donc ce sera plus de 10% de perte, incertitude sur le maintien ou non des collectes. Le prix du lait de brebis est fixé normalement. En Aveyron, les coopératives imposent 10% de baisse de volume. Certes le prix n'est pas impacté mais la décision est importante car les agneaux restent sur les fermes.

Revendications de la Confédération paysanne :

  • Transparence sur l'importation : chiffre importation (importation de lait d'Espagne)
  • Défendre un maintien du prix : maîtrise des volumes et surtout pas de baisse du prix aux producteurs
Équins

La filière cheval a été identifiée par l'APCA* comme une des filières les plus pénalisées par la crise, et devrait à ce titre, bénéficier d'aides supplémentaires (à suivre).

Les difficultés principales de la filière à ce jour :

  • les centres équestres sont très pénalisés financièrement par la fermeture (entretien et nourriture des chevaux, problème des propriétaires et de la TVA)
  • arrêt des accompagnements en équithérapie (très pénalisant psychologiquement pour les personnes suivies)
  • arrêt complet des ventes d'élevage (pas de visites d'essai possible)
  • arrêt des activités d'accueil (tourisme) et très grande inquiétude sur la saison touristique estivale à venir
  • arrêt des activités de reproduction (concours, approbation d'étalons)

La sécheresse qui se profile rajoute des inquiétudes et complique d'autant plus la recherche de ressources fourragères pour les animaux.
Certain.e.s ont proposé de demander aux paysan.ne.s de partager, lorsque cela est possible, leurs jachères (mais pas de clôture, ni eau, ni autorisation européenne pour le faire).
Face à la pénurie qui se profile, il y a un besoin absolu d'éviter la spéculation sur le fourrage (à relayer au niveau national avec les autres filières concernées).

​​​​Apiculture

Au même titre que les agriculteurs.trices, les apiculteurs.trices peuvent se déplacer pour faire transhumer leurs ruches, les nourrir et contrôler leur état. Il leur suffit d'avoir sur eux l'attestation « déplacement dans le cadre de l'activité professionnelle ».

La fermeture de nombreux marchés entraîne des complications de trésorerie.

Volaille

Vigilance sur la logistique.
Situation plus difficile sur les plus petites productions : canard, pintade, dinde, volaille de Bresse....
http://aveniragricole.net/011-32310-La-filiere-volaille-sur-le-qui-vive.html


Productions végétales

Horticulture et commercialisation des plants :

​​La filière est mise à mal de manière très forte dans la mesure où la période de confinement est d'habitude une période d'intense activité sur laquelle est concentrée une partie importante du chiffre d'affaire. Fleuristes, grossistes, jardineries sont fermées dans le cadre du respect des procédures de confinement. A cela s'ajoute, pour les paysan.ne.s qui font de la vente directe de plants le flou qui persistaient sur le possibilité ou non de commercialiser leur plants sur les marchés, sur leur ferme, etc. L'information n'est pas encore totalement officielle, mais les services du premier ministre semblent avoir transmis la ligne suivante sur le sujet :

  • Il est possible de commercialiser tout type de plants (potagers, ornementaux) et semences auprès de professionels.
  • Il est possible de commercialiser tout type de plants par livraison (la livraison étant autorisée pour tout le produits, alimentaire ou non alimentaire) auprès de tout type de clientèle.
  • Par drive, sur les marchés et dans les points de vente dont l'ouverture est autorisée sont commercialisables les plants potagers à visée alimentaire (légumes, petits fruits, aromatiques) à destination d'un public non professionnel.


Nous savons que ces informations sont disparatres car toutes les préfectures ne se sont pas prononcées sur le sujet voire l'onf fait dans des termes différents. Ceci étant dit, nous vons invitons vivement à informer les paysan.ne.s qui produisent des plants de ces possilités, de les inviter à revenir sur les marchés quand ceux ci sont autorisés et de leur proposer de commercialiser dans des points de vente alimentaires collectifs, sur des fermes par exemple.

Concernant les plants ornementaux et les fleurs, nous n'avons pas de réponse adéquate. Mais n'oubliez pas que la livraison est autorisée, même si nous savons que cela ne peut répondre entièrement à la problématique. Pour les paysan.ne.s qui ont des stand sur des marchés, n'hésitez pas à mettre les coordonnées et d'éventuels bon de commande des horticulteur.rice.s de votre territoire.

Pour la Confédération paysanne les semences et plans sont tout autant de première nécessité que les autres productions agricoles. Ces productions participent à la souveraineté alimentaire, au maintien de la biodiversité et à l'autonomie des citoyen.ne.s. Ce sont nos plants que repiquent jardinier.e.s et maraicher.e.s. Ce sont ces mêmes plants qui viendront nourrir nos concitoyen.ne.s, dans les magasins, sur les marchés, dans les familles, entre voisin.e.s. Le travail continu sur nos fermes, nous voulons continuer à commercialiser ce que notre production, matière vivante et périssable.

PPAM

​​Concernant la filière PPAM la première inquiétude relevait de la possibilité de poursuivre l'activité de cueillette. Le ministère a répondu. L'activité de cueillette pour les agriculteur.rice.s peut se poursuivre normalement dans la mesure où il s'agit d'une activité professionnelle. Evidemment cette activité se poursuit dans le respect des mesures liées à la situation (attestation de déplacement, respect des mesures barrières, etc). Il est par ailleurs conseillé d'être toujours muni, au cours de vos déplacements, d'un extrait de Kbis, inscription au registre agricole, etc … ou tout autre document justifiant de votre statut agricole. ​​Concernant les marchés, dans la Drôme un stand d'HE et d'hydrolats a été interdit sur un marché. Il pourrait être nécessaire de rapidement faire une réunion téléphonique PPAM pour échanger sur la situation et faire des propositions. Nous vous tenons informé.e.s.​​​

Grandes cultures

​​Pour l'instant pas de problèmes majeurs identifiés. Les coopératives restent ouvertes et ajustent leur fonctionnement notamment par la prise de rendez-vous pour limiter le nombre de personnes sur place.

TROUVEZ UNE CONF'
CAMPAGNES SOLIDAIRES
NOUS CONTACTER Mentions légales
Copyright 2018 - Tous droits réservés - Confédération paysanne
104 Rue Robespierre, 93170 Bagnolet - Tél +33 1 43 62 04 04