PESTICIDES : NOS POSITIONS
Pour sortir des pesticides : soutenir les paysan·ne·s réguler les productions, déployer les alternatives !
Troisième consommateur mondial de pesticides, la France est aussi le premier consommateur européen avec plus de 76 000 tonnes de matières actives et 170 000 tonnes d'adjuvants, soit 4 kg de pesticides par habitant. 95 % des pesticides utilisés en France le sont par l'agriculture. Les paysans en sont les premières victimes. L'effet néfaste sur leur santé est aujourd'hui scientifiquement reconnu : 1/3 des cancers des paysans est dû à l'usage des pesticides. Les firmes d'agrochimie ont trop longtemps réussi à cacher les effets néfastes de leurs produits grâce à des campagnes de désinformation et à un lobbying appuyé auprès des pouvoirs publics. L'exposition de la population par l'alimentation inquiète aussi aujourd'hui scientifiques et citoyens, les études montrant régulièrement la présence de pesticides dans le corps humain. Ils ont des conséquences environnementales majeures : contamination des milieux aquatiques, des sols, de l'air, empoisonnement des pollinisateurs. Cette contamination généralisée coûte une fortune à la société : les seuls coûts de dépollution ont été estimés en France entre 260 et 360 Millions d'€ par an. Il faut ainsi compter pour chaque hectare d'aire d'alimentation de captage d'eau potable situé sur une parcelle cultivée conventionnellement entre 800 et 1400 € de « coût de potabilisation1 » . Mais changer de pratiques après plus de 50 ans d'incitation à l'utilisation des pesticides n'est pas évident. Qui plus est, quand la généralisation de cette utilisation est indissociable de la compétition acharnée sur les prix, du libre-échange et de la difficulté des paysans à obtenir un revenu juste et stable. Sortir des pesticides présuppose donc une transformation du modèle économique.
MSA*, scandale des bonnes pratiques et maladies professionnelles
La MSA* organise l'information sur le danger des pesticides autour de la seule question des « bonnes pratiques » (protocoles d'usage, protection vestimentaires...). Outre que des travaux remettent en cause l'efficacité des équipements individuels de protection (EPI) (protection insuffisante, incompatible avec certaines taches agricoles...), les bonnes pratiques font reposer toute la responsabilité des conséquences néfastes du produit sur l'utilisateur lui-même, dédouanant ainsi les industriels qui les fabriquent, les institutions publiques qui les homologuent, les vendeurs qui les écoulent. Les paysans intègrent en partie ce que transmet l'institution : un usage contrôlé des pesticides est possible et l'intoxication est une erreur de leur part. L'impossibilité pour beaucoup d'imaginer un autre système ou de pouvoir assurer financièrement une transition vers une production sans pesticides les pousse à nier inconsciemment la dangerosité des produits. Malgré l'ampleur du désastre, conséquence de critères et de démarches complexes et inadaptées, peu de paysans et de salariés réussissent à faire reconnaître leur maladie comme professionnelle.
Colère paysanne : la régression n'est pas une simplification
Les annonces du Premier ministre pour répondre à la colère paysanne du début d'année 2023 ne peuvent pas satisfaire la Confédération paysanne. Sous prétexte de simplification, l'indicateur de calcul du plan Ecophyto a été modifié. L'ONG* générations futures a calculé que sur la période 2011 – 2021, le nouvel indicateur (HRI1) annonce une baisse de 30% de l'usage des pesticides tandis que l'ancien (NODU) en annonçait une hausse de 3%. Cette baisse artificielle permet de communiquer sur la baisse de l'usage des pesticides et vide le plan Ecophyto de sa substance. Dans le même temps des pesticides dangereux sont autorisés sous prétexte de l'urgence phytosanitaire comme dans les rizières de Camargue ou sur les betteraves. C'est donc un véritable retour en arrière qui est en train de s'opérer d'autant que le financement de la Conf' et de ses partenaires pour porter le projet de recueil des pratiques des préparations naturelles peu préoccupantes (PNPP*) et alternatives aux pesticides voyait ses financements stoppés par le ministère de l'agriculture.
Nos objectifs
L'effondrement de la biodiversité, l'explosion des cancers et des maladies neurodégénératives font de la sortie des pesticides une urgence. Nous portons cette urgence. La sortie des pesticides repose en partie sur la volonté des paysans, mais leur responsabilité individuelle est limitée par les conditions de leur survie économique. Ainsi, nous défendons l'idée que la responsabilité individuelle des paysans correspond à l'ensemble des évolutions de pratiques réalisables sur leur ferme sans compromettre l'obtention d'un revenu décent : les politiques publiques doivent fournir un accompagnement financier conséquent et de long terme au changement de pratiques et mettre en place les mesures commerciales qui empêchent la mise en concurrence des paysans dans des conditions différenciées.
Nos revendications
A TELECHARGER
![]() |
|
Sortir des pesticides ! | Décryptage néonicotinoïdes |