La Confédération paysanne s’indigne de la destruction des installations de conservation et de reproduction des semences paysannes palestiniennes
La Confédération Paysanne condamne avec la plus grande fermeté l'attaque militaire menée le jeudi 31 juillet par les forces d'occupation israéliennes contre la banque de semences de l'Union des comités de travail agricole (UAWC) à Hébron, membre de La Via Campesina de Palestine. Depuis des siècles, les paysan·nes palestinien·ns ont sélectionné et conservé des semences adaptées à leurs conditions locales de culture. L'UAWC poursuit et pérennise cette œuvre d'autant plus en l'absence de toute prise en charge publique de cette tâche. Des bulldozers et des engins lourds ont été utilisés pour détruire des installations de stockage et des infrastructures essentielles à la préservation et à la multiplication des semences patrimoniales palestiniennes, ce qui constitue une attaque directe contre la souveraineté alimentaire, la biodiversité et le droit d'un peuple à cultiver son avenir.
Les semences paysannes sont le fondement de la souveraineté alimentaire. Elles renferment des millénaires de connaissances, de résilience et d'adaptation au lieu et au climat. Les semences conservées à Hébron sont particulièrement bien adaptées aux conditions de culture en Palestine, offrant une résilience supplémentaire aux palestinien·nes qui cultivent dans des conditions extrêmement difficiles. La destruction délibérée des installations dédiées à la conservation, au stockage et à la multiplication des semences n'est pas seulement une attaque contre les paysan·nes, c'est une attaque contre l'identité, la culture et l'histoire palestiniennes, et une tentative de séparer les palestinien·nes de leur terre et d'effacer leur patrimoine agricole. C'est aussi une perte irréversible pour tou·tes les paysan·nes du monde qui pouvaient bénéficier du travail de leurs collègues palestinien·nes tout comme les palestinien·nes ont aussi bénéficié de semences paysannes venues d'ailleurs. La déclaration des Nations Unies sur les droits des paysan·nes et des autres personnes travaillant en zone rurale (UNDROP) reconnaît dans son article 19 le droit des paysan·nes aux semences.
Cette attaque n'est pas un acte de destruction isolé. Après la destruction de dizaine de milliers d'oliviers, elle s'inscrit dans le cadre du même projet continu de dépossession, d'anéantissement et de génocide dont nous sommes témoins quotidiennement à Gaza et en Cisjordanie : le ciblage systématique des civils, des enfants et des générations futures, ainsi que de leurs infrastructures, leurs maisons, leurs écoles, leurs hôpitaux, leurs systèmes d'approvisionnement en eau, leurs terres agricoles, leurs oliviers, leur culture et leur identité. Les paysan·nes palestinien·nes, déjà confrontés à des confiscations de terres, à la violence des colons, au vol d'eau et à des restrictions de mouvement, sont désormais confrontés à la destruction délibérée de leur patrimoine de semences.
Nous appelons :
• Le gouvernement français à condamner publiquement cette attaque, à exiger des comptes et à s'opposer à la destruction continue des systèmes alimentaires palestiniens.
• Les alliés internationaux à accroître la pression sur Israël pour qu'il mette fin à ces violations des droits fondamentaux à la terre, aux semences et à la vie.
• Tou·tes ceux·elles qui se soucient de la souveraineté alimentaire et de la justice climatique à se solidariser avec les paysan·nes palestinien·nes, dont la capacité à conserver et à partager leurs semences constitue une ligne de défense de premier plan pour la biodiversité, la dignité humaine et la résilience climatique dans le monde entier.