COMMUNIQUE DE PRESSE
Comptes de l'Agriculture : une situation en trompe l’œil
16.12.2022La commission des comptes de l'agriculture de la nation s'est réunie ce jeudi pour examiner les chiffres provisoires de l'année 2022. Ces chiffres montrent des prix de production favorables à de fortes hausses de revenu en 2022. Après la reprise forte post Covid 2021, l'entrée en guerre de la Russie contre l'Ukraine a entrainé une bulle spéculative provoquant une hausse des prix agricoles qui profite à toutes les productions.
Quels que soient les volumes de production affectés ou non par les conditions climatiques difficiles de 2022, toutes les productions profitent de la hausse de prix des produits et voient leur valeur ajoutée augmenter fortement en 2022 (augmentation de la valeur ajoutée brute de 18% en 2021 et de 19,2% en 2022). Mais ces chiffres dissimulent des situations extrêmement diverses et parfois très compliquées.
Face à cette augmentation notable, il faut regarder ce qu'il y a derrière les chiffres avant de se réjouir trop vite. Tout d'abord, il nous faut redire que ces comptes sont agrégés et ne montrent absolument rien de la diversité de l'agriculture : taille des fermes, modes de production, circuits de commercialisation.
Ensuite, la question reste posée de la dépendance de l'agriculture française face à l'augmentation du prix des intrants qui est décalée dans le temps mais qui va inévitablement toucher les productions agricoles (augmentation de 78% du prix des engrais et des amendements, de 22% de l'aliment pour bétail et de 39% de l'énergie). Enfin, la question climatique pèse toujours fortement sur l'agriculture : si les conditions climatiques défavorables en 2022 ont été absorbées par la hausse des prix, il n'en sera pas toujours de même.
Autre problème, la répercussion de la hausse des prix agricoles aux consommateur·trices qui souffrent de l'inflation et dont les dépenses alimentaires sont souvent les premières victimes de la baisse du pouvoir d'achat. On l'a vu cette année, avec une diminution notable des achats en circuits courts ou sur des produits de qualité.
Enfin, tout cela ne change rien aux injustices majeures des politiques agricoles qui sont menées depuis cinquante ans, avec des rentes de situation inacceptables pour les grandes exploitations qui profitent à la fois de la hausse des prix et des plus hauts versements PAC*, sans dégressivité ni plafonnement. Une politique qui oriente véritablement l'agriculture vers plus d'autonomie, plus d'adaptabilité face aux bouleversements climatiques est plus que jamais nécessaire.
Contacts :
Nicolas GIROD - Porte-parole de la Confédération paysanne - tél: 06 07 55 29 09
René POUËSSEL - Représentant Confédération paysanne à la CCAN - tél: 06 32 20 42 62
Caroline NUGUES - Chargée de communication - tél: 06 95 29 80 78