COMMUNIQUE DE PRESSE
Peste porcine africaine : le plan de prévention du gouvernement sacrifie l’élevage plein air
20.12.2023Le Ministre Marc Fesneau a dévoilé aujourd'hui le plan de prévention contre la peste porcine africaine (PPA) aux organisations professionnelles agricoles. Maladie sans risque pour les humains mais qui cause des dégâts importants en élevage du fait de la mortalité des animaux.
Dans ce plan, le risque que représentent les nombreux flux (d'animaux, de matériel, de personnel, d'aliment…) entre les élevages industriels est quasiment occulté, alors qu'il s'agit du risque principal de diffusion de cette maladie. C'est pourtant cette même erreur stratégique qui a mené à l'explosion de la grippe aviaire dans les élevages de volailles français, et qui risque de diriger nos élevages porcins vers la catastrophe.
Ce plan vise surtout à renforcer la pression exercée sur les élevages plein air, considérés comme une porte d'entrée pour le virus depuis la faune sauvage vers les porcs domestiques. Or la réglementation actuelle - doubles clôtures, marche en avant, désinfection chimique… - est déjà incompatible avec ces systèmes d'élevage. A tel point que la majorité de ces élevages sont aujourd'hui dans l'incapacité de se conformer à la réglementation, et donc dans une situation d'illégalité subie. Pourtant les pratiques de prévention déjà opérantes[1] sur le terrain ne sont pas reconnues par les autorités sanitaires.
Ce plan prévoit aussi d'abattre préventivement tous les élevages d'un territoire dès lors qu'un sanglier infecté y sera retrouvé, et ce dans l'unique objectif de préserver le statut sanitaire de la France, sésame indispensable aux filières pour exporter.
La reconnaissance des efforts et des propositions des éleveur·euses de porc plein air initiée ces derniers mois, notamment via le lancement d'une expérimentation portant sur leurs pratiques de biosécurité, pèse bien peu face aux intérêts économiques agro-industriels.
En effet, ce plan ne prévoit quasiment rien de contraignant pour le secteur de la chasse et les filières : ni pour contrôler les populations de sangliers, qui ont été multipliées par 5 en 20 ans, ni pour limiter les flux d'animaux entre élevages industriels.
Le Ministère de l'agriculture fait donc un choix clair : sacrifier l'élevage plein air au bénéfice des intérêts économiques de l'agro-industrie et du lobby de la chasse, sans vraie gestion de la crise sanitaire à venir. La Confédération paysanne rappelle la nécessité de maintenir des élevages paysans nombreux sur les territoires, susceptibles de répondre aux enjeux agroécologiques, climatiques, et de souveraineté alimentaire.
[1]Par exemple, en ce qui concerne la protection vis-à-vis de la faune sauvage, une combinaison de mesures de protection peut s'avérer aussi efficace que des clôtures fixes et enterrées imposées par la réglementation et souvent impossibles à mettre en place en raison de leur coût, de la nature du terrain et/ou de la disposition des parcelles : double clôture mobile électrifiée, présence de l'éleveur de manière régulière, tirs de défense, chien de troupeau, enclos de nuit, présence d'un verrat, organisation des parcelles...
Contacts :
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