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ABATTAGE DE PROXIMITÉ
11.07.2025
Lettre ouverte à la Ministre de l’Agriculture, Mme Annie Genevard Régression des abattoirs de proximité : Madame la Ministre, que faites-vous pour soutenir l’élevage ?
Madame la Ministre,
Le nombre d'abattoirs ne cesse de diminuer : 226 à ce jour contre 400 en 2003. Parmi eux, 30% sont des abattoirs publics qui assurent une prestation d'abattage pour des usagers, dont en premier lieu les paysannes et paysans pratiquant les circuits courts.
La baisse du nombre d'outils d'abattage s'est accompagnée d'une concentration économique et géographique de ce maillon essentiel de la filière au profit des grands groupes, industriels et privés. Depuis deux ans, le rythme de fermeture des outils d'abattage de proximité s'est accéléré : un abattoir ferme tous les mois !
C'est le cas par exemple dans les Hautes-Pyrénées, où l'abattoir de Bagnères-de-Bigorre a fermé en septembre dernier. Un comité de soutien actif et un travail de fond sur le modèle économique de cet outil apportent des garanties quant à sa reprise viable et durable par une Société coopérative d'intérêt collectif composée de paysannes et paysans, mais aussi d'autres utilisateurs et des collectivités. Néanmoins, le soutien de l'Etat reste trop faible et les perspectives de réouverture de l'abattoir demeurent incertaines. Les éleveurs et les éleveuses de ce territoire ont besoin d'un signal public fort pour sauver leur outil de travail : dans ce territoire de montagne, la disparition de l'abattoir menace l'existence-même de l'élevage, mais aussi de toute activité agricole.
La situation de Bagnères-de-Bigorre est loin d'être isolée : l'Etat reste aux abonnés absents pour soutenir les projets portés notamment par les éleveurs et les éleveuses, dans les territoires désormais dépourvus d'abattoir : Lubéron (projet d'abattoir mobile), Sud Loire-Atlantique / Nord-Vendée (projet de l'AALVIE suite à la fermeture de l'abattoir de Challans), Tarn-et-Garonne (fermeture définitive de l'abattoir de Montauban), Gard (projet suite à la fermeture de l'abattoir d'Alès), Haute-Vienne (projet suite à la fermeture des chaînes ovine et porcine de l'abattoir de Limoges), Nord Loire-Atlantique (projet de l'APPPOC)…
D'autres abattoirs, fermés temporairement, tardent à rouvrir. C'est le cas par exemple dans le Puy-de-Dôme (Ambert), les Côtes d'Armor (Quintin), la Nièvre (Corbigny) ou encore les Alpes-Maritimes (Mercantour).
Dans tous ces territoires, les éleveurs et les éleveuses se retrouvent dans la plus grande difficulté pour faire abattre leurs animaux. Et ce, notamment lorsque la vente est en circuits courts pour tout ou partie de leur production. Mais pas seulement : la disparition des abattoirs déstructure aussi les filières longues, qui ont besoin de leur ancrage local pour générer de la valeur ajoutée et donc une meilleure rémunération des éleveurs et des éleveuses.
Par ailleurs, dans les prochains mois, nous savons que d'autres départements pourraient être touchés par des fermetures d'abattoir. Dans le Lot, l'abattoir de Saint-Céré tourne en sous-capacité et rencontre de grosses difficultés financières, exacerbées par une pression normative de la part des services vétérinaires. Les éleveurs et les éleveuses craignent de voir disparaître leur outil d'abattage. Des craintes similaires sont partagées ailleurs, par exemple par les paysannes et paysans utilisant les abattoirs de Vannes (Morbihan), Bergerac (Dordogne), Saint-Girons (Ariège), Charlieu (Loire), Quillan (Aude), Montmorillon (Vienne)…
Dans tous ces territoires, les éleveurs et les éleveuses se retrouvent dans la plus grande difficulté pour faire abattre leurs animaux. Et ce, notamment lorsque la vente est en circuits courts pour tout ou partie de leur production. Mais pas seulement : la disparition des abattoirs déstructure aussi les filières longues, qui ont besoin de leur ancrage local pour générer de la valeur ajoutée et donc une meilleure rémunération des éleveurs et des éleveuses.
Par ailleurs, dans les prochains mois, nous savons que d'autres départements pourraient être touchés par des fermetures d'abattoir. Dans le Lot, l'abattoir de Saint-Céré tourne en sous-capacité et rencontre de grosses difficultés financières, exacerbées par une pression normative de la part des services vétérinaires. Les éleveurs et les éleveuses craignent de voir disparaître leur outil d'abattage. Des craintes similaires sont partagées ailleurs, par exemple par les paysannes et paysans utilisant les abattoirs de Vannes (Morbihan), Bergerac (Dordogne), Saint-Girons (Ariège), Charlieu (Loire), Quillan (Aude), Montmorillon (Vienne)…
Partout, notre syndicat est aux côtés des paysannes et paysans tentant de sauvegarder leur abattoir de territoire. Partout, nos adhérentes et adhérents se retroussent les manches pour trouver des solutions adaptées aux besoins des acteurs de leur territoire. Des projets - souvent novateurs – émergent. C'est le cas des abattoirs d'élevage qui sont apparus ces dernières années (notamment en Rhône-Alpes et en Normandie), mais aussi des abattoirs dits « paysans » à Guillestre (Hautes-Alpes), à Rostrenen (Ille-et-Vilaine) ou au Vigan (Gard), dont la gestion et le fonctionnement sont assurés par les éleveurs et les éleveuses. Néanmoins, d'autres projets peinent à se concrétiser, faute de réponse rapide et adéquate des pouvoirs publics. Par exemple, le projet d'abattoir Nord-Mosellan, porté par des éleveurs et des éleveuses avec le soutien de l'ensemble des acteurs du territoire (collectivités, chambres d'agriculture…), n'a pas pu se concrétiser, aucune banque n'acceptant de financer un outil d'abattage. L'Etat avait alors été interpellé afin de trouver une solution – sans succès.
Pour faire face à ces difficultés, l'Etat multiplie les grandes annonces : missions d'information de parlementaires, études du CGAAER, fameuse « Stratégie abattoirs » lancée par votre prédécesseur fin 2023… Mais, pour l'instant, aucune de ces annonces n'a été suivie d'effets.
Pour faire face à ces difficultés, l'Etat multiplie les grandes annonces : missions d'information de parlementaires, études du CGAAER, fameuse « Stratégie abattoirs » lancée par votre prédécesseur fin 2023… Mais, pour l'instant, aucune de ces annonces n'a été suivie d'effets.
Nous ne pouvons croire à une volonté délibérée de l'Etat de suivre une politique agricole prônée par l'agro-industrie qui consisterait à vider les campagnes et oublier l'urgence d'une autonomie alimentaire. Si la loi Duplomb a montré la capacité de l'Etat à répondre rapidement aux injonctions des défenseurs de l'agriculture industrielle, qu'en est-il de votre soutien pour des élevages autonomes si nécessaires à la résilience et la vitalité des territoires ?
Le monde de l'élevage a un besoin primordial de ces outils d'abattage de proximité, maillons incontournables pour la valorisation du travail des éleveurs et des éleveuses et pour la réponse aux attentes sociétales en matière de protection animale. Nous comptons sur vous, Madame la Ministre, pour que les éleveurs et éleveuses puissent se réapproprier leurs outils de travail et retrouver leur dignité, et pour que les territoires retrouvent leur vitalité agricole par la diversité de modèles et non par un modèle unique qui a déjà montré ses limites.
Le monde de l'élevage a un besoin primordial de ces outils d'abattage de proximité, maillons incontournables pour la valorisation du travail des éleveurs et des éleveuses et pour la réponse aux attentes sociétales en matière de protection animale. Nous comptons sur vous, Madame la Ministre, pour que les éleveurs et éleveuses puissent se réapproprier leurs outils de travail et retrouver leur dignité, et pour que les territoires retrouvent leur vitalité agricole par la diversité de modèles et non par un modèle unique qui a déjà montré ses limites.
C'est bien un soutien volontaire et efficace de votre part que nous attendons pour maintenir des élevages paysans et entretenir des campagnes vivantes, dans une perspective de souveraineté alimentaire.
Stéphane Galais, porte-parole national
Yves-Pierre Malbec, co-responsable du groupe Abattoirs
Jean-Jacques Bailly, co-responsable du groupe Abattoirs
Stéphane Galais, porte-parole national
Yves-Pierre Malbec, co-responsable du groupe Abattoirs
Jean-Jacques Bailly, co-responsable du groupe Abattoirs